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Nous avons interviewé Sacha il y a quelques semaines, découvrez sur Trail Session ce nouvel espoir du Team Salomon !
T.S : Bonjour Sacha, peux-tu te présenter à nos amis lecteurs Traileurs ?
S.D : Bonjour chers amis, je m’appelle Sacha Devillaz, j’ai 23 ans. Je suis né à Chamonix Mont-Blanc et vis à Vallorcine depuis toujours. Dans un environnement tel que celui-ci, pas d’autres choix que de pratiquer beaucoup d’activités de montagne. Ski de fond en compétition, licencié au club des sports d’Argentière dont je suis maintenant entraîneur, le télémark, l’escalade… Comme la plupart des jeunes de la vallée, j’ai été initié à toutes ces activités dès mon plus jeune âge par mes parents et ma grande sœur. J’enseigne le ski de fond et je vends des virages en alpin et en télémark à l’ESF de Vallorcine. Je suis menuisier-charpentier-couvreur l’été entre Vallorcine et Chamonix. J’ai la chance d’évoluer dans un cadre montagnard exceptionnel que j’adore arpenter que ce soit en courant ou avec des lattes en toute saison. J’ai une motivation sans limite et l’esprit de compétition, j’aime me donner à fond et faire les choses correctement tout en profitant des bons moments.
Tu as intégré tout récemment l’équipe Team Espoir Salomon, peux-tu nous raconter comment s’est passée cette sélection ?
Petit retour en arrière… j’ai participé, il y a un an, à la sélection du Team Espoir Salomon à Talloires. Un super week-end en compagnie d’une vingtaine d’espoirs partageant les mêmes passions que moi avec plusieurs épreuves pour seulement quatre places. Je passe juste à côté de la sélection, c’est à ce moment là que tout a commencé. En échouant si près du but, je n’ai eu qu’une seule chose en tête, progresser et me prouver que j’en étais capable. J’ai établis mon programme de compétition afin de pouvoir me confronter aux quatre espoirs du Team Salomon. C’est ce qui m’a poussé tout au long de la saison, juste pour moi, je ne pensais pas que cela m’ouvrirait les portes du Team. Et pourtant, mon téléphone a sonné au beau milieu de la journée avec Jean-Michel Faure-Vincent au bout du fil pour m’annoncer la nouvelle.
Quelle ambiance règne dans le Team ? Comment comptes-tu « tirer ton épingle du jeu » face à un Guillaume Beauxis ou un Thibaut Baronian qui ont déjà fait leurs preuves ?
Je ne connais pas l’ambiance du Team en tant que membre car je viens juste de l’intégrer mais en tant qu’ambassadeur Salomon et ayant le même coach, on s’est pas mal côtoyé. Ils sont aussi venus dormir chez moi pour le marathon du Mont-Blanc. L’ambiance est tout simplement extra, tous de bons vivants passionnés par leurs sports. Une ambiance vraiment détendue avec toujours le mot pour rire tout en restant sérieux au bon moment. De plus, j’ai passé cinq ans avec Thibault Baronian au Comité Mont-Blanc de ski de fond. On a passé beaucoup de temps ensemble en compétition comme à l’entraînement, me retrouver avec lui au Team espoir Salomon, je sens qu’on va bien se marrer. C’est sûr qu’ils ont déjà fait leurs preuves et qu’ils sont sacrément costauds mais je me dis que si j’ai intégré le Team c’est parce que j’en suis tout autant capable. Le but d’une équipe est de rester soudé quoi qu’il arrive et de s’encourager les uns les autres. Quel que soit le résultat, qu’ils soient devant ou derrière, ça ne changera pas notre relation. Je ne cache pas que je vais tout faire pour être devant et je suis sûr que c’est pareil pour eux. Maintenant nous courrons ensemble mais on ne peut pas nous enlever la hargne de compétiteur.
Montagnard dans l’âme, tu pratiques le ski de fond depuis ton plus jeune âge. Qu’est-ce que ce sport t’apporte dans ta pratique du Trail ?
Alors, à la base c’est plutôt ce que le Trail m’apporte au ski de fond. J’ai toujours couru durant ma préparation estivale à la saison de ski. Mais petit à petit, le Trail a pris le dessus sur le ski de fond et est devenu ma priorité. Je n’arrêterais pas le ski de fond pour autant,je suis membre du Team Ski S’Cool, spécialisé en longue distance. Maintenant, je ne m’entraîne plus que pour le Trail. Il n’y a plus les cinq à sept heures de renforcement musculaire par semaine et plus de ski à roulette. Parfois je me dis heureusement que je suis charpentier et que je porte des choses lourdes tous les jours. Après ce sont deux disciplines très complémentaires, c’est clair que toutes les heures de course à pied que j’encaisse sont bénéfiques pour le ski de fond et inversement. J’ai toujours autant les crocs quand j’enfile un dossard en ski de fond mais j’y suis moins préparé. Skier me permet de couper la saison de Trail et de changer un peu. Je pense que c’est aussi un très bon moyen pour soulager les articulations très sollicitées en course à pied. Penser à autre chose même si c’est difficile.
Comment concilies-tu ton métier de charpentier avec celui de Traileur de haut niveau ? Peux-tu nous décrire un peu la journée type de Sacha ?
Je suis travailleur indépendant et gère donc mon emploi du temps comme je le souhaite. Je commence la saison de charpente début mai jusqu’à fin septembre. En gros, quand j’ai des grosses séances types (VMA, fractionné, volume…) je ne travaille que le matin. Quand je suis en repos et que j’ai des séances courtes, je travaille toute la journée, souvent jusqu’en soirée. Une journée type, c’est debout à 6h pour être sur le chantier à 7h. Travail jusqu’à 12h30 sur le toit. Je rentre ensuite manger chez moi avec Cindy (ma copine avec qui je vis à Vallorcine). Je prends le temps de regarder la séance que j’ai à faire et réfléchis à où aller. De temps en temps une petite sieste et c’est parti pour l’entraînement, parfois accompagné par Cindy en VTT quand elle ne travaille pas l’après- midi. Je n’aime pas courir de bon matin sauf quand je n’ai pas le choix et au grand étonnement de beaucoup de monde, j’adore courir quand il fait très chaud en milieu de journée. De retour à la maison, je prends le temps de m’étirer, faire du Compex, faire mon retour de séance au coach et à la douche ! Après, c’est tout le train-train quotidien, un petit coup sur la batterie, télé, internet, je réchauffe une part de mes trois kilos de pâtes précuit à l’avance et quand je ne vais pas faire la bringue avec mes potes de Vallorcine (je précise que c’est occasionnel), au lit devant un bon film ou une série.
La saison 2012 étant terminée, quelle course t’aura le plus marqué cette année ?
Il n’y a pas vraiment de course qui m’a le plus marqué cette année. Dès que je peux me mettre ma dose d’intensité et que je mets un dossard, je suis content. Sur toutes les courses, j’ai rencontré et partagé des moments avec beaucoup de gens exceptionnels. Le week-end en Ubaye avec tous les potes de Salomon, les courses en relais avec Jean-Marie Thevenard et Théophile Camp. La joie de monter sur les podiums de courses qui me tenaient un peu à cœur comme la Transjutrail et le Trail des Sangliers. Le week-end énorme à Talloires pour le Redbull Elements avec une ambiance de feu et des coéquipiers géniaux. Toutes les courses ont été exceptionnelles cette année. J’ai beaucoup apprécié les efforts de Cindy et d’autres amis pour m’accompagner, m’encourager et me ravitailler sur la plupart des courses. Si je devais choisir le meilleur souvenir, ce serait l’arrivée au Marathon du Mont-Blanc quand je suis annoncé comme le premier local et que tout le monde m’encourage et applaudit, vraiment un très bon moment.
Quel est ton premier objectif pour 2013 ? Avec Christophe Malardé, avez-vous commencé à réfléchir à ton prochain plan d’entrainement ?
En ce qui concerne mon plan d’entraînement, ça va vraiment être de l’inédit pour moi cet hiver. On a prévu que j’essaie de garder les baskets aux pieds tout l’hiver. Deux à trois séances de VMA par semaine, sur la route ou l’anneau de vitesse de Chamonix ou de
Martigny car il y a quand même un paquet de neige à Vallorcine. Le volume en ski de fond est quand même très difficile à mettre en place avec les compétitions de ski de fond et les entraînements avec le club d’Argentière. Je n’ai pas le choix et je reste motivé à fond si je veux être prêt pour la saison 2013 avec une première course au Trail du Ventoux (46 km) le 24 mars, première manche du challenge Salomon. Mais avant, le gros objectif prioritaire de la saison est la tentative de record de la GTJ en ski de fond avec Xavier Thevenard et Jocelyn David-Raison. Mon programme de course pour la saison prochaine est déjà tout tracé et mon planning d’entraînement sera fait en conséquence.
Comment se passe cette collaboration, que t’apporte-elle depuis un an ? En quoi Christophe t’aide à progresser et fait la différence avec tes précédents coachs ?
Déjà, on ne peut pas comparer Christophe avec mes précédents coachs car il est mon premier entraîneur spécifiquement pour le Trail. Tous mes précédents coachs, du comité Mont-Blanc, du club d’Argentière et de la section sportive de Pontarlier étaient là pour le ski de fond et bien que ce soit des disciplines complémentaires, comme je l’ai mentionné plus haut, l’entraînement reste très différent. Ma collaboration avec Christophe est tout simplement parfaite, un programme et un suivi d’entraînement plus qu’efficace. Pour moi c’est l’idéal, maintenant, je ne fais plus de la quantité mais de la qualité. Je ne me pose plus de question, je fais tout ce qu’il me dit et j’ai une totale confiance en lui. Depuis que je travaille avec Christophe, je sens vraiment la progression et je sens qu’avec lui, je peux aller loin.
Enfin dernière question ! Tu as encore toute ta vie de Traileur devant toi, quelle est la course qui te fait rêver et que tu aimerais voir affichée à ton palmarès ?
Comme c’est si bien mentionné dans la question, j’ai toute ma vie de Traileur devant moi et j’espère qu’elle sera longue avec toujours autant de plaisir et de bons moments. Il n’y a pas vraiment une course qui m’attire plus que les autres. Il y a beaucoup de courses aussi belles les unes que les autres et pourtant si différentes. Mon rêve est de pouvoir m’aligner à des courses dans le monde entier et de pouvoir jouer avec les meilleurs.
Merci à Sacha d’avoir répondu à nos questions !
Trail Session Magazine.