La Barkley a basculé dans l’ère médiatique. En effet, on ne compte plus le nombre d’articles ayant évoqué cette course depuis qu’Aurélien Sanchez est devenu finisher en 2023.
En outre, l’exploit de Jasmin Paris a offert une exposition rare à cette course qui cultive l’intimité.
Mais, cette intimité se voit bousculée par différents faits qui laissent présager de bouleversements futurs. Ainsi cette édition des records vient challenger l’ADN de la course.
Barkley 2024
Résumé de course
Comme tout afficionados, je scrutais ce 20 mars les différents forums qui bruissaient du départ de la course.
De plus j’ai réactivé mon compte « X » pour suivre les infos de Keith Dunn et de taka_does_things pour la vision statistique de la course.
Le rituel de la conque réalisé, Lazarus a allumé sa cigarette à 10h17. Immédiatement les coureurs partent à l’assaut de la première boucle.
La course est basée sur une série de 5 boucles de 20 miles à faire pour un dénivelé total de plus de 10 000m.
A cela s’ajoute les contraintes suivantes : 12 h maximum par boucle, pas de dispositifs électroniques. En effet, seul une montre à compte rebours de chez Wall Mart est autorisée.
Enfin, les coureurs sont équipés de lampes frontales et de boussoles.
Les 40 coureurs se réduisent à peau de chagrin dès le troisième tour. Effet la fun run, titre qui récompense les coureurs qui terminent la troisième boucle sous les 40heures.
Aurélien Sanchez abandonnera au deuxième tour. Cependant Guillaume Calamettes et Maxime Gaudouin termineront cette fun run.
Le début des records
Cette année, les 4ème et 5èmes boucles n’ont jamais vu autant de coureurs y accéder. En effet, 7 coureurs terminent la 4ème et 5 deviennent finishers en bouclant la 5ème.
Aussi, pour se rendre compte de ce nombre exceptionnel, il faut regarder les résultats dans leur durée.
A titre d’exemple, la Barkley a connu 1035 participants depuis 1995 (la Barkley fut créée en 1986) pour 26 finishers (2,51%). Donc, près de 20% des finishers ont réalisé cet exploit sur cette édition.
En outre, il est à mettre en exergue une pierre marquante : 2024 est l’année de succès de la première femme, Jasmin Paris.
Quel ne fut pas le taux de stress de la planète trail à rafraichir X en permanence pour savoir si elle accéderait au statut de finisher alors que l’on rentrait dans les dernières minutes du cut off…
Si Courtney Dauwalter a le statut de « Queen », Jasmin est sans nul doute devenue légende ce jour. Elle réalise cet exploit en 59h58m et 21 secondes.
Enfin, il faut également célébrer l’immense Jared Campbell. De fait, ce dernier accède au statut de quadruple finisher de la course. Il est le seul.
A l’inverse, le dernier français engagé dans la 5ème boucle, Sébastien Raichon, abandonnera très proche du succès pour sa première participation. Une Barkley 2024 épique !
Barkley 2024 – Les leçons de cette édition
Tous ces résultats sont à questionner au regard de l’ADN de la Barkley. En effet, on compte 4 années de suite 0 finishers, puis en 2023, 3, 2024, 5…
En outre, les photos montrent un public nombreux à la Yellow Gate mais aussi sur les différents lieux mythiques du parcours tels « The Hump », « Rat Jaw » …
C’est pourquoi cela tranche avec l’idée originale de la course. Celle-ci est inspirée de l’évasion d’un prisonnier du pénitencier voisin.
Ainsi, l’assassin de Martin Luther King est à l’origine de la Barkey après une escapade de 55 heures dans le National Park de Frozen Head. Cependant, il ne fut retrouvé qu’à 8 miles de la prison.
Alors en quoi ces évènements questionnent la course ? Prenons l’accroissement du nombre de finishers. Aussi, je partage les réflexions de Rémy Jegard.
Ainsi, ce dernier explique que le mythique National Park de Frozen Head n’aurait plus de secret pour les participants de la Barkley.
De fait, il explique qu’entre les reconnaissances de certains, ou encore l’analyse au laser au travers de Google map, il devient plus facile de s’y repérer.
C’est pourquoi, le mythe du prisonnier courant à l’aveugle s’effondre dans ce cas, bien que lié à la professionnalisation du sport.
En outre, le caractère intimiste et solitaire du coureur bat de l’aile. Malgré une date de départ tue jusqu’à la dernière minute, le public a répondu présent.
De fait, le nombre de spectateurs physiquement sur place détonne avec le caractère intimiste souhaité par le fondateur Lazarus Lake. C’est pourquoi, il est loin le temps où un promeneur avait rapporté un des livres au départ disqualifiant ainsi un concurrent.
Certes, le fondateur a adapté sa course cette année. En effet il a disposé de nouveaux livres permettant la découverte d’un nouveau secteur. Néanmoins l’impact sur le temps de course ne fut relevé que d’une demi-heure sur la première boucle.
Quel avenir pour quelle Barkley ?
La course est à la croisée de différents mondes à présent.
En effet, la professionnalisation des athlètes, la médiatisation du sport mais aussi la volonté certaine de Lazarus de se désengager de l’organisation Lake font se poser la question de l’avenir de la Barkley telle qu’existante depuis près de 40 ans.
Afin de garder son caractère de course « impossible à terminer », les organisateurs pourraient intervenir sur le format.
En effet, il ne serait pas invraisemblable d’imaginer d’ajouter une boucle supplémentaire, voire de diminuer les cut-off. Ainsi les coureurs seraient amenés à repenser les stratégies de course et ou de repos.
En outre, les organisateurs pourraient agir sur la localisation de la course. Ainsi il ne serait pas impossible de voir une Barkey délocalisée dans d’autres National Parks américains.
En effet, en se déplaçant vers le Nord, les conditions climatiques pourraient être plus proches des conditions d’origine. De plus, garder une localisation secrète changeante pourraient intervenir sur la capacité de reconnaissance des coureurs.
Enfin, agir de la sorte diminuerait le nombre de spectateurs, tout du moins sur les premières boucles.
Plus généralement, ces questions se posent aussi sur le trail en général. Dans cet article Sébastien Rémond, rédacteur à Trail Session, les soulèvent selon sa perspective.
Pour terminer, Lazarus Lake incarne la dernière question. En effet, le fondateur mythique, la barbe la plus connue du Tennessee, commence à passer le relais.
A ce titre, je partage le questionnement de Rémy Jegard : « La Barkley peut elle survivre à son créateur ?».
De fait, ce personnage si charismatique, créateur des épreuves du « dernier homme debout » a marqué si fort ces courses qu’elles devront se renouveler lorsqu’il arrêtera de les organiser.
Conclusion au sujet de cette Barkley 2024
Cette édition de la Barkley 2024 fut mémorable et historique. En effet, je ne cesserai de me remémorer l’arrivée de Jasmin Paris. Ce fut un moment un de sport incroyable.
Cependant la Barkley n’échappe plus aux interrogations structurelles de notre sport.
Si certains y répondent en stoppant un événement, tel fut le cas de la Skyrhune qui vit sa dernière édition, d’autres choisissent d’inscrire leur évènement dans des circuits cadrés internationaux.
Et, au milieu de ces grands mouvements, les courses locales essaient d’exister.
[1] Source : taka_does_things sur X
Pige de Sébastien Sauron pour Trail Session Magazine
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