La Diagonale des Fous. Un rêve pour certains, un étape pour d’autres. Chaque coureur qui connait cette course, la respecte comme un événement à part.
Un événement qui doit se respecter et face auquel on doit être humble.
Pour avoir eu le privilège d’aller au bout cette année, je peux vous garantir que tout ce que vous pensiez vivre pendant la course, n’est rien face à la réalité du terrain.
Chaque heure pouvant apporter son lot de difficultés, de bonheur, mais aussi de douleur.
Mais la Diagonale des Fous c’est la promesse d’une carte postale pendant 175km. Une carte postale magique dont la réputation reste la même année après année.
Chaque nouveau finisher devenant un « fou » à son tour. Car comment peut-on trouver un nom différent de celui-là, tant le parcours est tortueusement magique !
Un parcours qui plonge le coureur que nous sommes jusqu’au bout de lui-même pour en faire sortir le plus beau ! Cette année 2024 aura été mon année et un « graal » que je n’osais espérer atteindre quand j’ai commencé à courir en 2010.
Clairement un moment éphémère de ma vie mais pour un souvenir éternel !
Diagonale des Fous 2024 sur YouTube – En immersion au coeur du GRR
Récapitulatif complet de ma Diagonale des Fous 2024
La course avant la course – Le Préambule
Quand on arrive sur l’île de la réunion, on est directement plongé dans une atmosphère chaleureuse « Diagonale des Fous ».
Dès l’arrivée à l’aéroport de Roland-Garros à St Denis, l’accueil est déjà sublime.
L’île s’arrête de vivre le temps d’une semaine pour nous accompagner avec une tendresse que je n’ai trouvée sur aucune autre course.
Pour les Réunionnais, la Diagonale des Fous est un honneur et chaque habitant connait forcément une personne y ayant déjà participé.
Si l’accueil est chaleureux, que dire de l’ambiance lors de la remise des dossards.
Une aventure tant il faut patienter pour recevoir le précieux sésame : le dossard. Accompagné des T-Shirts et de la fameuse casquette !
On sent l’envie de chacun à aller au bout.
Discussion sportive, des courses de préparation, des mois de « sacrifices » pour mettre le maximum de chance afin d’aller au bout !
Episode 1 -> Le départ
Le départ de St Pierre est clairement magique, dans une ambiance hallucinante.
De chaque côté de la rue principale, des milliers de personnes à nous acclamer ! Une ferveur comme jamais j’avais pu voir sur une autre course.
L’impression de s’embarquer ainsi pour une aventure hors du commun le temps de quelques heures.
La fameuse musique de départ est là ! Envoutante ! On est plongé dans le bain de la Diagonale des Fous.
Ce départ j’en ai tellement rêvé ! toute l’année ! chaque jour, chaque semaine…
Depuis que je voyais chaque année d’autres copains en être ! c’est mythique, c’est magique !
Me concernant la première partie jusqu’à Nez de Bœuf se passe merveilleusement bien. Un temps agréable malgré le stress d’avant course d’avoir froid, pluie etc…
Evidemment le terrain est boueux mais l’essentiel n’est pas là.
Le mental est à fond et nulle place au moindre doute sur cette Diagonale des Fous !
J’avance tranquillement avec Flo, un pote avec qui j’ai décidé de faire la course. Mon timing est respecté et on va de ravito en ravito sans trop de soucis.
Pas de fatigue car on sait qu’il faut arriver très frais à Cilaos. La suite étant très compliquée et surtout 100km à faire ! L’ambiance sur les ravitaillements est top. Des bénévoles adorables aux petits soins pour chaque coureur.
La nourriture même si pas ultra variée est de qualité et permet de repartir à chaque fois en forme. Petite coup de cœur pour le poulet boucané à Marabout !
Episode 2 -> Kerveguen et l’arrivée à Cilaos
Après cette pause, c’est une première grosse difficulté avec la montée de Kerveguen et surtout la descente vers Le Bloc.
Technicité et complication au programme avec des portions sans fin qui mettent le moral à rude épreuve et le corps aussi.
Ajouté à cela des conditions climatiques très compliquées qui rendent le terrain boueux.
Car le terrain à la Réunion est fait de singles exotiques, tortueux, avec racines, marches naturelles…. de quoi s’amuser on va dire…
L’arrivée dans le cirque de Cilaos n’est pas idéale avec un temps vraiment compliqué. La pluie tombe et forcément après 76km de course, ça tire un peu sur le corps.
Me concernant j’arrive malgré tout très serein et plutôt frais comme prévu !
Je suis accueilli par Océane et Flo, un couple qui m’aura logé pendant mon séjour sur place. Ils sont bénévoles et m’offrent une crêpe sucrée pour mon plus grand kiff.
Mais au-delà de la crêpe c’est aussi eux qui assurent quelques photos et vidéos pour mes amis et la famille qui me suivent.
Episode 3 -> Taibit et Mafate
Je repars de Cilaos après m’être changé (y compris les chaussures) pour attaquer la fin de journée et surtout la nuit.
La prochaine base de vie étant au 140ème km à Ilet Savannah.
Autant dire une éternité car après c’est le passage du cirque de Mafate.
Le changement de vêtements est obligé mais compliqué vu le froid et surtout l’absence de lieu propice au changement. Mais qu’importe cela fait partie de l’aventure.
Avant de repartir je vais juste me faire soigner les pieds qui commencent à être chargés en ampoules.
On repart avec Flo un peu en retard sur le prévisionnel. A savoir que c’est à Cilaos que la plupart des DNF sont.
Car après c’est Mafate et il est impossible (sauf blessure et donc rapatriement en hélico) de se faire ramener en bus. Les coureurs souhaitant stopper sont donc contraints de rentrer par leur propre moyen…
Episode 4 -> Une nuit dans Mafate
On attaque la fin de journée et le début de nuit sereinement avec me concernant quelques douleurs au pied mais rien de méchant.
Je suis par contre fatigué et clairement ça commence à me tomber de dessus à moment régulier.
Mais rien d’étonnant sur une course comme celle-ci.
Je vois souvent des personnes qui dorment sur le bas-côté avec couverture de survie. La route étant très longue jusqu’à l’arrivée.
La montée du Taibit commence en début de nuit.
Je sais que ça va être long et éprouvant donc j’y vais à un rythme très lent. 7km et 500 D+ avant d’arriver à Marla pour un épisode émotionnel.
Sur la montée j’en profite pour prendre la fameuse tisane ascenseur ! Vraiment super bonne et ça fait du bien au moral !
Malgré tout je fais souvent des pauses dans la montée acclamée par les coureurs du Bourbon qui ont pris le départ à 21h de Cilaos.
A Marla j’ai droit à mon épisode émotion en écoutant une vidéo de ma famille. Les larmes coulent forcément ! (whouahh même en écrivant ces lignes, l’émotion revient.)
Toujours à Marla j’essaye de me poser mais je ne retrouve pas Flo qui m’aura dépassé sur la montée du Taibit donc je continue jusqu’au pointage suivant : la plaine des merles.
Il fait froid. La nuit fait son lot de blessés et les coureurs dormant sur le chemin sont nombreux… rien d’étonnant.
Je m’arrête pour manger un peu et boire. Pas de soucis physique et finalement pas trop froid donc étonnamment je reste en t-shirt (avec manchons parfois) pour passer la nuit.
J’ai évidemment ma veste quand il pleut pour me couvrir un peu.
Episode 5 -> Au matin à Aurère
Le parcours jusqu’à Aurère est vraiment tranquille (le fameux sentier scout) et je suis même en forme pour gambader sur toute la longue descente.
Et là c’est la fin de la nuit avec comme récompense une vue sublime sur le cirque de Mafate de l’intérieur.
Je retrouve Flo sur la descente et c’est vraiment top car on repart ensemble à notre rythme.
Toujours pas de bobo à l’horizon et le moral toujours au top.
A Aurère je fais un petit break de 15min pour essayer de dormir mais compliqué.
Il fait chaud en plus et avec la montée à venir du Maido.
Autant être en forme ! car la surprise 2024 est là ! la fameuse montée du Maido !
Un mur de 1900D+ en 2 phases avec un accueil au sommet digne d’une étape du tour de France !
Avant de partir j’en profite pour lire mes messages sur mon téléphone. Il parait que je passe en direct à la télévision.
Avant de grimper ce long mur, on plonge nos pieds avec Flo dans un ruisseau (lui y mettra le corps entier d’ailleurs).
Ça rafraichit énormément, un vrai kiff !
La montée se fait très bien sur la 1ère partie me concernant.
J’y vais à mon rythme. La suite après Ilets des Orangers étant plus compliquée avec pas mal de pauses mais ça passe !
Hélas une vue bouchée en haut m’empêche de contempler le cirque de Mafate vu d’en haut.
Pas de bol décidément niveau timing et conditions climatiques.
En haut j’ai quelques coups de fatigues et j’avoue que la longue descente vers Ilet Savanah même si pas compliquée m’aura un peu usé….
Fatigue assez forte (pas étonnant vu que pas dormi depuis 2 jours).
Hallucinations sur la descente et brouillard persistant mettent la tête un peu à l’épreuve.
Les pieds commencent aussi à être bien usés mais on avance « ti pa ti pa ».
Episode 6 de cette Diagonale des Fous 2024
A partir de Ilet Savanah il reste 35 km… on sent que la fin n’est pas très loin mais cette dernière partie n’est pas simple pour autant.
A ce stade, chaque km compte et peut devenir pesant.
Je prends donc par bloc en sachant de réputation les points durs à venir.
La dernière petite portion jusqu’à la base de vie est sans fin et j’ai l’impression que les kms ne passent pas/plus.
Marre ! Et ma frontale commence à baisser.
Il est temps que j’arrive pour une pause. D’autant que mes pieds me font très mal.
A la base de vie, je dors un peu car vraiment fatigué je ne peux plus tenir ce rythme sans dormir.
Je soigne donc mes pieds, me change (avec le t-shirt « Diag » à porter sur la ligne d’arrivée), mange un peu de poulet (une tuerie !) et me pose sur un lit.
Je dormirai en 2sec pendant 40min… Flo me cherchera partout car oublié de mettre mon réveil.
Mais après ce break on repart ensemble direction la suite des festivités. Les pieds sont douloureux, la démarche compliquée mais on avance.
La montée « chemin ratinaud » se fait ultra bien me concernant à un rythme plus que correct ! 0 souci. J’arrive au pointage super bien et j’attends Flo car la suite est compliquée.
Là on voit les corps des uns et des autres plutôt mal au point. La Kalla est une succession de chemins tortueux que je n’aime pas du tout.
La fatigue n’aidant pas je suis pris d’hallucinations et de fatigues qui me forcent à me poser. Flo part devant et moi j’avance doucement jusqu’à la Possession !
Je me fais une belle frayeur sur la descente en tombant sur ma côte qui me fera mal jusqu’à la fin… Là je me pose sur un banc car il fait très bon dehors ! Je mange un peu avant un petit break.
Je recharge ma frontale pour cette 3ème fin de nuit.
Episode 7
Le passage du Chemin des Anglais est une formalité me concernant ! J’adore ce passage. C’est fou car en fonction de l’heure à laquelle on le passe, c’est un enfer pour d’autres coureurs.
Moi j’adore ! J’arrive à Grande Chaloupe super motivé avec les larmes qui coulent de plus en plus.
Il ne reste que 13km !
Avec Flo on repart assez vite direction la montée vers Colorado !
Une montée qui se fait en plein soleil mais idem me concernant, qui se passe ultra bien. Si bien que j’arrive en haut assez vite avec des bénévoles et des gens partout qui sortent et nous encourage.
Un peu avant d’arriver en haut j’appelle ma Laetitia, en pleurs car je suis proche de mon « graal » ! Elle aussi à quelques milliers de km a la voix tremblante !
Je vais le faire ! On y est ! Je reçois des dizaines de messages !!! C’est dingue ! Des amis, des collègues, etc… jamais je n’ai senti une telle ferveur sur une course !
Ca me booste pour aborder sereinement la dernière descente. Je la fais avec Flo mais que je perds en descendant car j’avance à mon rythme.
En bas ça y est dernier point de contrôle avant la délivrance. Tout le monde m’attend sur mon groupe de suivi ! Ils sont au taquet sur le site de suivi live, les chaines tv, à m’envoyer des messages !
Je m’en rappellerai toute ma vie !
En voyant le stade de la Redoute l’émotion me gagne.
J’ai sorti mon drapeau français avec les messages de mon trio ! Je vais le faire !
La dernière ligne droite est magique ! Alors oui mes proches ne sont pas là mais ils sont dans mon cœur et me suivent par leurs messages en direct !
C’est magique, c’est unique c’est éternel !
Ça y est je suis officiellement un FOU au bout de 61h de course !
Diagonale des Fous 2024 – Le jour d’après et l’épilogue
Que ce soit à l’aéroport de St Denis, dans l’avion ou en arrivant à mon hôtel à Paris, on a l’impression de baigner dans une culture « Diag ».
Je plane complet ! Les personnes nous félicitent ! On plane ! On vit l’instant présent !
Personnellement c’est le plus beau kiff sportif de ma vie ! Jamais je n’ai autant plané ! Jamais je n’ai autant savouré l’instant présent.
Alors évidemment la fatigue est là et il me faudra quelques jours pour reprendre mes esprits avec des souvenirs qui vont revenir de plus en plus mais voilà c’est fait !
J’en ai rêvé et je l’ai fait.
Oui le timing n’est pas là, oui je n’ai pas fait une préparation parfaite comme beaucoup en terme physique, nutrition etc.
Mais aucun regret j’ai fait au mieux et mon corps ne m’aura pas lâché malgré quelques craintes sur cette longue saison et doutes liés à des abandons.
C’est vraiment clairement la plus belle période sportive de ma vie !
Un moment éphémère pour un souvenir éternel !
Maintenant peut-on rêver plus grand, plus fort ? Après avoir vécu ce moment, je n’en suis pas sûr !
Si j’ai rêvé de ce moment pendant des mois et je dirai même des années pour vivre une telle ferveur autour de moi, quand on y est, on veut que ça dur pour l’éternité !
Mais voilà, il faut revenir à son quotidien !
Un quotidien factuel mais avec dans ma tête une parenthèse éternelle !
Ce moment je l’ai gagné, mérité, et il sera à moi pour toute ma vie !
Résumé et premiers questionnements
Après cette course, on se pose forcément la question :
« Ai-je bien tout fait ? Me suis-je bien donné les moyens d’aller bout dans les meilleures conditions? »
Evidemment tout est perfectible, évidemment que j’aurai pu faire un temps moindre, que j’aurai surement vu d’autres paysages à des moments plus ensoleillés (c’est mon regret de ne pas avoir pu contempler Cilaos ou alors la vue en haut de Maido).
Mais finalement est-ce que j’aurai le même bonheur que celui que j’ai ressenti en franchissant la ligne ? La réponse, je ne la saurai jamais et je préfère me dire que l’instant était celui qu’il devait être et que tout était parfait !
S’il y a quelques mois on m’avait dit que j’irai au bout de cette épreuve avec un tel sourire sur la ligne d’arrivée. Je ne l’aurais jamais cru.
Avoir autant de monde qui me suit, mes enfants qui m’envoient des messages perso pendant la course, ma femme qui pleure avant que j’arrive au sommet de Colorado en m’entendant moi-même pleurer d’émotion au téléphone, est un moment hors du temps.
Non vraiment c’était magique !
Une île ou l’on ressent la ferveur chez tous les habitants, ou l’on devient même des stars à leurs yeux car complètement fou pour aller au bout de cette épreuve mythique !
Jamais mais jamais je n’ai vécu de tels moments et eu de tels émotions !
C’est gravé à jamais en moi comme la plus belle des récompenses.
Si récupérer physiquement va se faire logiquement, je ne suis pas certain de vouloir redescendre de sitôt de mon nuage émotionnel !
Mais surtout encore une fois, comment vais-je réussir à rêver plus fort que ça après cette Diagonale des Fous ?
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