Partons à la découverte de Diego Pazos, un Trailer au grand coeur, avec beaucoup d’humour, simple, conquérant !
J’ai eu la chance de l’interviewer la première fois, sur mes terres jurassiennes, lors du Trail Blanc de l’Oxyrace, en janvier 2015, aux Rousses, qu’il avait remporté. Il me parlait de son Utmb 2014 et de sa 11ème place et sa volonté de poursuivre ! Quelle surprise de le croiser au détour du ravitaillement de Champex sur la CCC, moi travaillant sur la PTL. Puis, le GRR où il brille avec sa 4ème place ! De belles retrouvailles !
Mon envie de le mettre en avant avec cette belle interview n’est alors qu’une évidence !
Plongez dans son univers et régalez-vous ! A lire sans modération !
Carte d’identité :
PAZOS
Diego
28.11.1984
SUISSE / ESPAGNOL
Métier : Expert en criminalistique
Signes particuliers : (lol, tu peux mettre ce que tu veux hihhiihi) :
Sourire colgate, moustache et nœud pap sont mes meilleurs amis lorsque je chausse mes baskets.
Une qualité : Positif, souriant, persévérant
Un défaut : Souvent en retard ! heureusement pour l’instant pas sur la ligne de départ quoi que des fois c’était limite 😉 et parfois têtu 😉 (ça m’aide en Ultra).
Un rituel : mettre mon nœud pap et dernièrement au gré des émotions et de la musique, une petite danse sur la ligne d’arrivée 😉 (cf : CCC et GRR 2015)
⦁ Le trail et toi, une histoire d’amour depuis quand ? comment tu y es venu ?
Le trail et moi, c’est une histoire d’amour depuis ma plus tendre enfance…non je déconne 😉 zut loupé, je ne suis pas Kilian !
En fait, tout débute à l’été 2011 en suivant l’UTMB mené de main de maître par Kilian justement, Iker et Miguel talonnés par Séb Chaigneau ! Je venais d’arrêter le foot et j’avais fait mon premier Sierre Zinal en mode découverte. Comme je suis un homme de défis, celui-ci m’est apparu comme une évidence, un vrai défi grandeur nature!
Dès fois, il suffit de peu pour créer des vocations ou changer une vie, pour moi un regard, une phrase et je suis tombé dans la marmite !
Pendant que nous suivions la course, je me suis tourné vers ma femme, Maya, et je lui ai dit avec un big smile: « dans deux ans je suis au départ de l’UTMB ! » elle m’a simplement répondu avec un sourire : « tu es fou, mais le pire c’est que je sais que tu en es capable ! » à ce moment on s’est fait un « High five » et l’affaire était bouclée… Place à la préparation et notamment à la découverte de ce sport, de mes nouveaux types et spots d’entraînements, du matériel ou encore de la nutrition. En gros, place à l’aventure car tout ou presque était nouveau pour moi ! Ma première longue course a été la Saintélyon 2011, parti dernier du peloton avec un groupe d’amis, je finis sous les 7h, une très belle expérience et une conviction que ce genre d’effort me convient, plus ça dure et plus je trouve ma zone de confort ! Ensuite une saison 2012 complète, splendide et très riche en émotion avec mes premiers podiums lors de ma quête des fameux points UTMB. Et puis voilà…une progression d’année en année, un corps qui change, qui s’adapte, qui se renforce et qui ne cesse de m’étonner. Cette saison me fait attraper complètement le virus du trail et de l’Ultra trail…et attention car le virus est contagieux et je suis du genre à le transmettre 😉
⦁ Que retrouves-tu dans ce sport qui te plaît autant ?
J’adore le dépassement de soi, ces moments de souffrance et de doute où tu dois aller puiser au plus profond de toi pour ressortir les ressources nécessaires à ta survie (dans la course bien sûr). Ces mêmes ressources que tu n’imaginais pas ou plus avoir.
J’adore également l’indécision de ce sport, tout ce qui fait qu’il n’est pas lisse, prévisible, programmable et qu’il n’est pas toujours mesurable. Même les meilleurs peuvent se casser les dents dans les plus grandes courses, rendant les épreuves épiques.
J’adore la gestion de tous les paramètres intervenant lors d’une course. Je suis à la tête d’un tableau de bord vivant qu’il faut mener à bon port, éviter de le faire chavirer, éviter le naufrage à tout prix car finalement l’objectif final de tout Ultra Trailer c’est de voir la ligne d’arrivée, de clôturer l’aventure. L’alimentation, le pacing, la tactique de course, le matériel, les ravitaillements, le terrain, la météo autant de paramètres qui peuvent ruiner une course ou limiter notre performance. Optimiser tous ces éléments comme une partie d’échec me donne des frissons, me passionne et me montre qu’on peut toujours progresser, apprendre, adapter ! Tiens juste d’en parler et j’ai envie de repartir sur les sentiers avec un grand sourire!
Jadore l’état d’esprit de la grande majorité des trailers amateurs ou élites, une belle famille, bien différente de celle de la route.
J’adore le sentiment de liberté, de légèreté qu’on ressent en sautillant sur les crêtes ou en dévalant une descente abrupte et technique.
Parce que je m’amuse et qu’en plus de ça je peux m’épanouir en course en titillant mon esprit de compétition.
Parce que c’est un condensé de la vie, avec des hauts, des moments d’euphorie et des bas, des moments de doutes, de détresse et les deux s’enchaînent inlassablement jusqu’à la délivrance.
⦁ Si je te dis entraînement, cela rime avec quoi pour toi ? plaisir ? souffrance ? besoin ? nécessité de progression ?
Pour moi il n’y a pas de plaisir sans souffrance, c’est vrai en amour, au travail et c’est évidemment le cas en trail et surtout à l’entraînement. La course c’est l’accomplissement, l’application pratique d’une préparation de longue haleine. Le trail, c’est un style de vie, une école de la vie, ça structure et les terrains de jeu sont tellement beaux, surtout en Suisse que les sessions dures sont compensées par les cadeaux que nous offrent la nature 😉 ! Par contre, j’adore également me laisser aller quand il le faut pour lâcher psychologiquement et se régénerer physiquement comme en ce moment !
Il faut savoir, qu’on passe le plus clair de son temps à s’entraîner alors, c’est évident qu’il faut varier les plaisirs pour continuer à progresser et garder l’envie. Je dirais que l’envie de progresser est bien évidemment au centre de la recherche de nouveautés à l’entraînement. Dans cette recherche de progression sans se prendre la tête, j’ai tout de suite adhéré à la proposition d’Eric Lacroix d’intégrer et de soutenir son projet innovatif de coaching participatif, Very Good Times (VGT). Ce projet vise à proposer un plan d’entraînement adapté à l’athlète de haut de niveau tout en le faisant participer dans la vie du groupe. Une idée et un concept qui correspondent tout à fait à ma philosophie et la vision de partage, d’échange et de plaisir que je me fais du trail.
⦁ Tu es monté crescendo ces deux dernières années. Tu vises quoi ?
J’aimerais continuer à découvrir mon corps, qu’il continue à me surprendre, je ne me fixe pas de limites même si je suis totalement conscient que j’en ai ! A vrai dire je ne me pose pas de questions. Tant que l’envie est là, mes saisons seront bâties pour être ambitieux mais également pour prendre du plaisir et on verra où cela me mènera, je connais mes forces mais également mes faiblesses et mes limitations. Je tiens surtout à garder la même fraîcheur, la même envie de partager ma passion, de la faire découvrir aux autres, promouvoir ma région mais également une certaine idéologie et une vision personnelle de ce sport. Je ne veux pas renier mes principes, les valeurs, l’éthique c’est fondamental pour moi et pour ma pratique de cette passion. Pour me donner les moyens de progresser, mon intégration dans le team de coaching VGT d’Eric Lacroix est très importante.
⦁ Il y a des incontournables : sierre-zinal en fait partie ? 3 fois déjà…
Sierre zinal n’est pas vraiment la course qui me fait rêver, d’ailleurs je l’ai faite 3 fois mais sans jamais la préparer spécifiquement (meilleur temps cette année 2h55’). Ces deux dernières années, c’était un test, je la faisais avec une bonne semaine d’entraînement dans les jambes. Je tenterais peut-être une fois de faire un chrono en me préparant spécifiquement mais je ne pense pas que ce genre de formats de course me corresponde parfaitement.
Actuellement, l’UTMB est un vrai incontournable du trail et de l’Ultra. Faire une de ces courses est une expérience hors norme ! Alors oui certains diront que c’est le trail business et ils ont probablement raison mais finalement tant que tout le monde s’y retrouve et qu’on partage des moments aussi intenses sur le parcours et à l’arrivée, je ne vois pas de problème ! L’atmosphère et les encouragements en sortant et en arrivant à Chamonix sont juste inoubliables.
Cette année j’ai découvert la Réunion, avec une expérience hors du commun, extraordinaire ! Je pense que dans la vie d’un Ultra trailer, le GRR peut être un aboutissement, le Graal, celle-là, il faut vraiment aller la chercher ! D’une technicité extrême avec un parcours qui ne laisse aucun répit, le GRR est vraiment un truc de fou 😉 En tout cas, elle doit être sur la « to do » liste de n’importe quel coureur d’ultra. De voir l’île vivre et battre au rythme de cette course pendant une semaine est quelque chose d’unique ! Les réunionnais sont tellement attachants, j’y retournerais !
⦁ Si tu regardes ta saison 2015, une anecdote, un point négatif, un positif ?
Ma saison 2015 a été extraordinaire pour moi, j’ai pu courir de janvier à décembre, sans gros pépins physiques avec des résultats au-delà de mes espérances. Si on m’avait dit ça en début de saison, je me serais frotté les yeux et j’aurais signé tout de suite !
Le point négatif a été ma petite contracture au mollet fin mai, début juin qui m’a empêché de m’exprimer totalement aux championnats suisses d’ultra, j’ai énormément souffert dans cette course pour arracher la 3ème place.
Je retiens deux moments spéciaux pour moi. Le premier est l’arrivée dans Chamonix main dans la main en 4ème position avec le chouchou local Sacha Devillaz ! Quelle ambiance et quels beaux souvenirs vécus en sa compagnie.
Le deuxième, à la Diagonale des Fous, est le moment où je dépasse Iker Karrera à Sans Souci au 135ème km, une de mes références en matière d’Ultra. A ce moment là , je prends conscience que je suis entrain de faire une grosse perf (4ème au final)! La danse partagée avec un enfant réunionnais à l’arrivée fut un grand moment de partage !
⦁ Un aperçu de ta saison 2016 ?
En 2016, je vais débarquer sur l’Ultra Trail World Tour (UTWT) qui sera le fil rouge de ma saison avec la Transgrancanaria, l’Eiger et l’UTMB. Je serais également au départ du trail du Ventoux fin mars et du 80km du Mont Blanc fin juin. Enfin, si je suis sélectionné, je rêverais de représenter la Suisse aux Championnats du monde d’Ultra au Portugal fin octobre. En avril, je serais également au départ de la Patrouille des Glaciers de Zermatt à Verbier ! Une très belle saison à venir avec des objectifs ambitieux qui vont me faire vibrer et j’espère également les gens qui me suivent.
Petit quizz :
. ta plus belle arrivée ?
Pour l’émotion : UTMB 2014 (11ème), c’était l’arrivée de mon premier 100 miles, les larmes aux yeux, le partage avec ma femme, mes proches, le public et Ludo avec son énergie si contagieuse!
Pour l’ambiance et le fun, la CCC 2015 (4ème).
. ta plus belle rencontre en trail ?
Mes arrivées partagées à Verbier St Bernard, à me débuts en 2012, avec Yann, un super type authentique et la CCC 2015 avec Sacha, dans une ambiance surchauffée ! Les échanges avec Carlos Sa lors de l’UTMB 2014 restent également gravés dans ma mémoire, un vrai personnage, d’une gentillesse et simplicité exemplaire. En dehors des compétitions, ma rencontre avec Jean Pierre Lüthi, un vrai passionné, multiple fois finisher de la PTL a été très inspirant.
. ton plus beau paysage ?
Mafate à la Réunion et en Suisse, mon terrain de jeu, les rochers de naye, la dent de Jaman, la tour d’Aï avec ce panorama sur le lac Léman les alpes franco-suisses et bernoises !
. ton plus beau souvenir 2015 ?
Mon mariage 😉 le moment où ma moitié m’a dit oui !
En trail : La Diagonale des Fous cette année (4ème) pour toutes les émotions vécues pendant la course, la difficulté du parcours et parce qu’on me prédisait l’enfer ! Une super expérience, je suis tombé amoureux de cette île !
. un vœu pour 2016 ?
Ne pas me blesser et rester en bonne santé…le reste suivra !
Découverte de nouveaux endroits tant en Suisse qu’à l’étranger.
Découvrons Diego aussi dans son quotidien « course »
. Alimentation en course ? (solide liquide)
Solide principalement en ultra (j’aime manger, cette sensations de mâcher, d’avaler quelque chose) : riz, patates, dates, viande séchée, barres MULEBAR
Sur du plus court : dates, barres MULEBAR, quelques gels Power punch mais vraiment très peu (max 1 ou 2).
. Chaussures ? Lesquelles et pourquoi ?
INOV8, pourquoi ? Parce que c’est la base (sourire ;-), j’adore la sensation que procurent ces chaussures lors du toucher au sol mais également leur précision et leur accroche en descente. J’apprécie également leur légèreté, bref je les ai testées dès ma première année de trail en 2012 et depuis je ne les quitte plus malgré, quelques infidélités avec d’autres marques pour tester, je n’ai pas trouvé mieux ! Pour du court et du long également !
Je ne connais pas toute la gamme, j’utilise ce qui est disponible dans mon magasin de sport donc l’idéal serait de pouvoir tester d’autres modèles pour varier les plaisirs 😉
J’aimais beaucoup aussi les North Face Ultra mais la version 2014, très agréable au pied, légère et dynamique malgré un manque de grip assez flagrant sur les parties techniques. Mais la version de 2015 ne me plaît pas, le contact au sol n’est plus le même, les sensations varient énormément.
. Matos autres ? short…veste…tee shirt… bâtons ?
Nœud pap. (indispensable ;-), je porte les vêtements fournis par le magasin Planet Endurance à Ecublens (Lausanne) mais je n’ai pas de sponsor maillot ou de marque attitrée pour le moment. J’ai juste une aide de compressport suisse qui possède une gamme excellente, très ergonomique et pas seulement pour le matériel de compression. Au niveau des bâtons, j’ai des Swix CT1 pour les non pliables et Leki pour les télescopiques.