Qui dit mois d’août, dit forcément UTMB. L’Ultra Trail du Mont Blanc 2016 sera un peu particulier pour moi. En effet, c’est avec beaucoup d’admiration et de respect, que je suivrai de près mon ami Fred. C’est la première fois qu’une personne proche de mon entourage participera à ce must de l’endurance. Je vous propose de découvrir cet homme humble et bon, à travers une interview simple, à son image, et à quelques jours de son DÉFI!
Présentation
PRENOM/NOM : Fred Burgot
AGE : 41 ans
Je suis séparé, Papa de deux petites filles de 6 et 10 ans. Je suis pompier pro dans le 47 (Lot-et-Garonne) depuis 2009 . Je pratique la course a pieds depuis l’âge de 16 ans environ, marathonien depuis une dizaine d’années et enfin traileur depuis mon arrivée dans le département en juillet 2009 donc. Participation aux longues distances depuis 2011, à Millau pour les Templiers et la plus longue il y a deux ans à Chamonix pour prendre mes points via la TDS ( 119 kms pour 7500 de D+ ).T.S. Depuis combien de temps rêves-tu de l’UTMB?
F.B. Effectivement L’UTMB fait REVER et c’est ce genre de REVE(S) qui me fait avancer dans la vie.
Je dirais depuis 5 ans environ avec ce premier dossard sur les TEMPLIERS, sans savoir réellement où j’allais … C’est en finissant, en un peu plus de douze heures (de mémoire), que je me suis dit: « peut-être qu’un jour .. » . Depuis, des jours sont passés, beaucoup de kilomètres ont été parcourus et la délivrance avec ce tirage au sort en ma faveur le 13 janvier 2016 dernier.T.S. C’est ton premier. Parle-nous un peu de ta préparation: As-tu été en montagne t’acclimater, as-tu planifié cet objectif avec une évolution des distances courses trail au fur et à mesure de la saison?
F.B. OUI ! Il s’agit bien évidement de mon premier UTMB. Y en aura-t-il un ou d’autres ensuite? Je suis incapable pour le moment de répondre a cette question.
Je ne suis pas particulierement parti en montagne pour un week end « choc » meme si une sortie tout de même dans les Pyrénées avec mon amie…
J’ai débuté, en collaboration avec mon coach ( Nicolas Cadoux ), un plan d’entrainement depuis le 1er février dernier. Comme tous les plans, celui-ci regroupe des thèmes spécifiques, que nous avions déjà travaillés il y a deux ans pour la TDS .
Nicolas était « néophyte » dans le milieu du trail, il s’est inspiré de toutes mes notes prises sur mes entrainements antérieurs, s’est renseigné et a fait des recherches de son coté puis avec sa spécialité basée sur le renforcement musculaire, il a pu élaborer un vrai plan perso et l’adapter à mes besoins .
Même si j’ai déménagé depuis peu , la plupart de mes séances se sont faites sur le Marmandais. Qu’on ne s’y trompe pas! Il y a vraiment de quoi faire, malgré que nous n’ayons pas de montagnes.
Je n’avais pas non plus de courses intermédiaires ( calendrier bien chargé ) mais beaucoup de sorties longues depuis trois mois environ.
J’ai toutefois était « titiller » les vététistes sur une de leur rando dominicale, où j’ai pris le départ quelques minutes avant eux en solo pour le format long (55 kms) sur le Mas d’Agenais en juillet dernier.
Concrètement une montée en puissance dans le volume kilométrique ressenti ces trois derniers mois avec une moyenne hebdo de 10 heures environ pour 100 à 120 bornes en moyenne.
T.S. Cette Distance te fait-elle « Peur », as-tu étudié le parcours pour y pallier psychologiquement?
F.B. La distance impressionne forcément! Et pourrait faire tourner la tête à bien des coureurs c’est sûr, mais il y a ce coté en nous qui en veut toujours plus! Savoir si on est capable de… repousser un peu plus encore ses limites et apprendre à se connaitre davantage…
Elle me fait aussi un peu tourner la tête il faut le reconnaitre, mais bon…
C’est une ascension croissante dans ce que j’ai pu faire jusqu’à maintenant et enchaîner quatre marathons en montagne relève d’un beau défi; je suis ultra motivé pour le relever !!!
Je n’ai pas étudié le profil du parcours au kilomètre près ( il y en a trop « lol » ) mais j’en connais les grandes lignes et sais que chaque sommet franchi sera une petite victoire sur moi-même et me rapprochera des rues de Chamonix…
T.S. Qu’as-tu prévu comme matériel? Si le temps était chaud ou froid ou pluvieux…
F.B. En ce qui concerne le matos « textile », et bien il nous faut tous avoir un minimum imposé par l’organisation, et ce dans notre sac. Mais le premier textile reste la couverture de survie!
Sinon j’aurai avec moi au moins trois tenues de rechanges. Sans oublier des manchons de compression, buff, gants, bonnet, pantalon de pluie, veste imperméable et légère entre autres.
T.S. Concernant la Nutrition, comment comptes-tu t’alimenter?
F.B. En ce qui concerne l’alimentation, je partirai avec une panoplie diverse de gels antioxidant, pâte de fruits, pâte d’amende, barres céréalière, mais aussi du salé pour « casser » la saturation en sucre via des petits sandwiches (pain de mie jambon).
Puis une réserve en eau de deux bidons de 500 ml chacun et 1,5 litres d’antioxidant.T.S. T’es-tu préparé spécifiquement sur le Marmandais, et surtout as-tu déjà fait des Ultras-Trails?
F.B. On va dire que 50% de ma prépa s’est faite sur le Marmandais oui. Les côteaux de Magdeleine auront été mon véritable terrain de jeu. Je pouvais parfois balayer un rayon de moins de 10kms pour des sorties de cinq heures!
Sinon, le reste du temps, je l’ai fait sur le Villeneuvois, très souvent sur mes jours de garde. On a la chance d’avoir une plaine avec un circuit légèrement en pente juste à coté de la caserne.
J’ai déjà fait d’autres ultras:
La TDS et 120 bornes a Chamonix il y a deux ans.
L’Endurance Trail de Millau l’an dernier avec 100 bornes.
L’Eco Trail de Paris et le GRP dans les Pyrénées, tous les deux avec 80 kms mais pas le même dénivelé évidemment… et deux fois la grande course des Templiers et 75 km … Également le Trail du Canigou pour prendre mes points avec ses 66 kms assez rudes et un petit passage d’escalade pour arriver au sommet de la mythique montagne .T.S. Les Alpes et Chamonix te sont-ils connus?
F.B. Les Alpes et en particulier Chamonix me sont connus puisque j’y ai déjà foulé les sentiers.
En premier lieu pour le marathon du Mont blanc avec un souvenir inoubliable aux cotés de Kilian Jornet au départ puis en second, avec cette redoutée des traileurs et redoutable TDS « petite soeur » de l’UTMB quoique plus technique…
Enfin et pour la petite histoire à Gap pour la toute première édition des championnats de France de Trail et un certain 6 octobre, jour de mon anniversaire…
T.S. Seras-tu suivi durant ton épreuve (famille, amis…) qui te permettront de changer de vêtements, et de chaussettes notamment?
F.B. J’aurai la chance d’avoir mon amie qui sera mon assistance personnelle du début à la fin. Elle aura pour cela un système connu dans ce genre d’épreuve à savoir deux ou trois caisses remplies d’affaires de rechange, de ma réserve d’alimentation et d’une petite trousse de pharmacie. L’organisation autorise à certains endroits de porter assistance au coureur suivi.
Cette aide là est pour moi très importante. Outre le fait de pouvoir se changer, se restaurer et / ou se faire masser, soigner, il y a un véritable apport psychologique bénéfique !
En plus de mon amie qui fera son UTMB à sa manière, mes filles et mes parents seront là aussi pour m’encourager.
C’est certainement ça, ma source de motivation dans ce long périple qui m’attend. Avoir mes proches au plus près de moi !
Je n’oublierai pas non plus, mais à distance cette fois-ci, mon coach, mes amis et autres collègues pompiers.
T.S. As-tu prévu quelque chose pour éviter les échauffements aux pieds: vas-tu comme nous te le demandions, changer de chaussettes, mais peut-être aussi de chaussures pendant le parcours?
F.B. Je passerai une crème anti frottements juste avant et pendant la course. Quelques jours auparavant je badigeonnerai mes pieds d’une autre crème nourrissante. Bien sûr je changerai mes chaussettes régulièrement ( peut être quatre fois, une par marathon environ ).
J’ai également deux paires de chaussures, avec pour la deuxième partie, une paire plus souple en rapport au profil de la course et encaissant mieux les impacts au sol. Les jambes seront lourdes et la lucidité moins présente c’est certain.
T.S. Question un peu ridicule peut-être: Mais comptes-tu utiliser des bâtons, en es-tu adepte? Si oui, penses-tu qu’ils te permettront réellement un gain d’énergie?
F.B. Pas de questions bêtes.
Oui j’utiliserai des bâtons. La révélation si c’en est une, a eu lieu lors du GRP en 2013 où pendant l’ascension du pic du midi un traileur qui m’avait dans le « viseur » depuis un moment m’a proposé d’essayer ses bâtons.
Depuis je les prends sur chaque course et aussi lors de mes sorties longues. C’est une aide incontestable et soulage considérablement les muscles des cuisses.
Par conséquent il m’a fallu apprendre a marcher, courir, grimper et descendre avec.
J’ai eu la chance, un soir, à la sortie d’école avant les activités périscolaires, de rencontrer le référent régional de la marche nordique. J’en ai alors profité et j’ ai suivi une petite formation.
Aussi, avec mon coach, nous avons travaillé sur la partie haute du corps pour préparer les bras et épaules à surmonter les efforts a venir .
T.S. On sait que ce type d’épreuve pèse dans un budget, combien ça coûte un UTMB et comment as tu trouvé des ressources financières?
F.B. L’UTMB et sa participation restent un investissement lourd pour chaque coureur engagé.
Le dossard, l’hébergement, le trajet ( péage + gasoil ), le matos, la nutrition, le coaching, les séances de kiné, les semelles ortho, etc… Le mien avoisine les trois mille euros !
Cependant après quelques démarches pour du sponsoring, le résultat a été fructueux puisque l’ACEF, dérivée de la Banque Populaire, me suit a hauteur de 1500 euros. Les collègues se sont collectés et m’ont remis une très belle enveloppe de 700 euros, et enfin, l’amicale de la caserne m’offre mon dossard ( 230 euros ). Toute cette aide est précieuse, et je m’estime particulièrement chanceux d’avoir pu en bénéficier.
Interview de l’équipe Trail session, Rédaction Loïc
Trail Session Magazine, Août 2016