Au départ il y a un défi, une envie et surtout un site extraordinaire. Un site où j’ai passé des moments de jeunesse inoubliables, découvert des activités sportives tels que le rafting, le canyoning, le ski, et bien entendu en grandissant : le Trail Running.
Ce site s’inscrit parmi les plus belles vallées des Pyrénées. Et cette vallée, c’est la vallée d’Aure. La vallée où vivent mon oncle et ma tante qui tenaient une colonie de vacances il y a encore peu, et qui m’ont transmis l’amour des montagnes.
C’était donc tout naturel pour moi de découvrir l’Ultra distance lors du Grand Raid des Pyrénées, dont le village départ et arrivée se tiennent à Vieille-Aure (le départ du 120 se fait à Piau), petit Village accolé à Saint Lary-Soulan, et situé au pied de la station de ski du plat d’Adet.
Le GRP propose plusieurs formats de courses avec cette année encore, l’Ultra Tour dont les chiffres font froid dans les mollets mais aussi titillent les papilles car avec pas moins de 220 kilomètres et 13000 mètres de dénivelé positif, il est un défi, ou plutôt une Aventure qui ne peuvent laisser qu’admiratifs.
J’ai abordé cet Ultra avec l’objectif de profiter de la course, sans objectif de chrono et surtout ramener les points qualificatifs pour le Grand Raid de la Réunion 2020, avec mon ami Fred.
Autant vous dire que mon entrainement n’a pas été au top. J’avais effectué deux marathons sur route en début d’année et j’avais été assidu. Le foncier acquis lors de cette prépa m’a permis de terminer l’ultra sans soucis mais je ne suis pas forcément un exemple. Pour faire de la montagne, il faut s’entraîner un minimum à la montage ou alors faire un peu de dénivelé.
Du coup c’était foncier, PPG, vélo et surtout une folle envie de participer. La motivation de participer à une course est souvent la clef de la réussite.
Pour vous raconter cette course et vous donner une idée de comment l’aborder également, je dirais qu’elle se partage en trois grandes parties.
Du km 0 au km 48 : Jusqu’à Gavarnie tout sourit
Le départ de la course est juste fantastique. Elle se fait au cœur de la station de Piau Engaly qui culmine à 1867m d’altitude et à la vue incroyable. Le public est nombreux et très motivé. C’est l’un des plus beaux départs que j’ai fait en Trail.
L’avantage de ce site, c’est que le parcours propose un passage par le point le plus haut de la station (Pic de Piau) à 2516 mètres avant de redescendre et repasser par le village départ. C’est donc une boucle de 8km de mise en jambe tant physique que mentale car elle permet aux accompagnants de voir passer leurs favoris.
Ensuite, on peut dire que la course est lancée, et c’est avec enthousiasme que l’on attaque la montée vers le Port de Campbieil à 2610m d’altitude. Les sensations sont bonnes et l’ensemble des coureurs affichent un large sourire.
Les discussions s’engagent, on fait des rencontres déjà, et on se dit qu’on risque certainement de se recroiser.
Le Port (non pas de voiliers je vous rassure) se voit au loin déjà avec son glacier, et on se dit que c’est quand même costaud l’affaire. Mais bon on est tout frais donc ça ne va pas poser de problème.
Comme vous pouvez le voir sur cette photo, j’ai pris soin de prendre les bâtons. C’est une stratégie que 90% des coureurs ont pris à mon avis. Je vous parlerai plus tard de leur non utilité sur une partie du parcours.
Déjà 15 km de parcourus sous une chaleur qui commence tout juste à se faire sentir, notamment à l’approche du premier gros ravitaillement de Gèdre (aller) au kilomètre 25.
Après 10km de descente, nous arrivons donc à ce ravitaillement tant attendu par les coureurs, et à mon grand étonnement les organismes et les visages sont déjà marqués. La chaleur ? Le manque de préparation ? Le manque d’hydratation ? Tant de questions que je me pose en voyant mes confrères de galère parler d’abandon.
Avec mon pote Fred on prend le temps de faire le plein des gourdes et manger ce qu’il faut pour attaquer une montée progressive jusqu’à la Hourquette d’Alans. Treize kilomètres et un peu plus de 1400 mètres de D+ rien que ça.
Mais ce que je ne vous ai pas dit c’est qu’avant d’arriver en haut, il y a un petit cadeau. Un endroit que je connais et affectionne particulièrement. Le passage par le lac des Gloriettes et son fameux barrage. Cet endroit est magnifique et fait parti de mes passages préférés.
C’est donc une longue montée qui nous attend avant de basculer du côté de ce fameux lac et de son barrage. Là, les visages crispés font place aux premiers abandons aussi.
Peu importe, on continue notre route avec Fred et les chemins ombragés nous permettent tout de même de respirer un peu. Je connais ce qui nous attend et j’ai hâte d’y être. Comme je vous l’ai dit j’apprécie beaucoup cette partie avant l’apothéose du Cirque de Gavarnie. Mais tout ça se mérite, et lors de notre arrivée au barrage du lac des Gloriettes, une pause s’impose.
On profite du paysage et on espère arriver avant la nuit à Gavarnie pour admirer le fameux cirque et sa cascade fabuleuse.
À ce moment là, j’avoue que je ne sais pas si c’est cette cascade qui m’attire ou le gros ravitaillement du 48ème km.Pour atteindre le pic de la Hourquette d’Allans (2414m) il faudra monter , monter , monter. C’est long mais bon sang que ça vaut le coup. La vue est à tomber par terre <3
Le refuge des Espuguettes nous attend en contre bas, avec de l’eau et elle sera bienvenue tant il a fallu puiser dans nos réserves pour monter. On commence à rencontrer quelques randonneurs et on se dit que la vie « civilisée » n’est pas loin.
On court à un bon rythme et on a été récompensés par un magnifique coucher de soleil sur le Cirque et sa Cascade.
Ouf, on est arrivés à temps. Il aurait été franchement dommage de louper cette vue.
Le ravitaillement approche et arrivent les premiers soucis pour ma part. Un souci gastrique comme jamais je n’ai eu auparavant. Vous savez, le genre de problèmes où toutes les odeurs de nourritures vous écœurent et où vous ne pouvez rien avaler tellement votre ventre vous dit STOP.
Ca a duré 10 minutes avant de trouver mon remède miracle. Une salade de fruit. Et oui c’est cette dernière qui m’a fait reprendre de la satiété et j’ai donc mangé comme un grand ma soupe de pâte.
Merci David et Jérôme, qui, à ce moment là m’envoyaient des textos qui me faisaient bien rire. Je remercie d’ailleurs l’ensemble des personnes qui m’ont envoyé des messages, car ça aide bien.
Remis de cette petite mésaventure, j’ai repris le galop dans une nuit déjà tombée depuis mon entrée dans cette petite salle de ravitaillement.
Du km 48 au km 78 : De Gavarnie à Luz Saint Sauveur, la prudence et de rigueur
C’est donc avec la frontale que l’on attaque la partie Gavarnie Luz Saint Sauveur. Une première expérience pour moi que de passer une nuit entière à arpenter les sentiers d’une course aussi technique que celle du GRP.
Si pour certains la nuit peut faire peur, elle s’est très bien passée pour nous. Nous n’avons pas dormi et avons pris du plaisir à courir avec une température favorable.
Luz Saint Sauveur en point de mire nous avançons tranquillement mais sûrement. Le balisage est impeccable jusqu’à Luz où nous avons manqué un drapeau.
La concentration que demande la course nocturne a fait que nous avons loupé un changement de direction. Nous avons donc rallongé de quelques centaines de mètres seulement avant de retrouver la route du village de Luz.
Le temps de nous ravitailler correctement, faire une légère toilette dans les wc et nous changer, pour ce que j’appellerai une deuxième course. On oublie ce qu’on a fait et on fonce direction Barèges dans un premier temps.
Du km 78 à km 122 : De Luz Saint Sauveur à Vieille Aure, la plus grosse difficulté qui fait frayeur
Après Luz Saint Sauveur on attaque une longue partie de D+ alors on prend le temps et on arrive quasiment sur les hauteurs de Barèges lorsque le jour se lève. Le bon timing j’ai envie de dire, car là encore on en prend plein les yeux.
On est en forme et on est motivés à le finir ce Tour Des Cirques. À la vue du chemin parcouru et ce qu’il nous reste à parcourir, on se dit que le plus dur est fait. Mais attention les amis, car au final, cette dernière partie jusqu’à Vieille-Aure réserve bien des surprises.
De la pente bien raide, des parties de pierriers cassants et pour finir, une descente de près de 12km vous attend avant de lever les bras et fêter votre exploit au milieu d’une foule enthousiaste et motivée.
Cette dernière partie vous fera passer par trois pics : la Hourquette de Mounicot, le col de Madamete et la Hourquette Nère. Trois casse-pattes à vous faire trembler les guiboles et puiser dans le mental.
La motivation d’en finir est bien plus forte, et en prenant le temps d’assurer nos appuis et faire attention à ne pas se blesser si près du but, nous rejoignons nos femmes respectives au niveau du Col du Portet pour la dernière partie de la course.
Le fait de retrouver les GRpistes du 80km est un véritable cadeau. Ils sont d’un encouragement sans faille comme nous l’avons été également pour les participants du 220km. L’ambiance entre coureurs est géniale et c’est pour cela que le Trail est un sport d’équipe comme j’aime à le souligner.
Notre fin de course se fera en courant sur la longue descente que l’on finira à la tombée de la nuit. Et c’est après un peu plus de 36h00 de course que nous avons le plaisir de retrouver nos familles respectives ; et nous nous félicitons du travail accompli.
Cette arrivée est émotionnellement forte. De voir ma famille et les potes de Trail Session m’ont fortement touché. Je ne les remercierais jamais assez. Mon fils de 4 ans m’a même mis une rouste au sprint à l’arrivée. Je lui en veux encore, et depuis il n’a pas regardé un seul épisode de Pat Patrouille 🙂 LOL
Fred à été un compagnon de route extraordinaire. Son expérience de l’Ultra (finisher de l’UT4M entre autres) m’a apporté de la sagesse dans ma course.
L’ultra distance est une expérience que je souhaite de vivre à chacun. Elle m’offre désormais la perspective de participer à la Diagonale des fous en 2020 en toute humilité. Le travail continue et il sera assurément coché dans notre calendrier de courses de venir une nouvelle fois sur le GRP.
Merci à Carole Lafontan et l’ensemble de cette équipe d’organisation, des bénévoles aux personnes croisées sur les chemins. Cette course a une Âme, un quelque chose indescriptible qui rend l’ensemble des protagonistes unis dans un objectif commun : LE PLAISIR.
Récit de course réalisé par Loïc Roig pour Trail Session Magazine
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Tests réalisés en partenariat avec Crosscall
©Trail Session Magazine, Septembre 2019
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