GRP 2022 : Bien plus qu’une « course de quartier »
Le titre est posé et assumé. Le Grand Raid des Pyrénées se déroule généralement fin août et le calendrier fait qu’il se court en même temps que la course la plus connue au monde à savoir l’UTMB.
Bien que nombre de points pourraient être comparés et discutés, l’objet de cet article sera orienté sur la présentation de cette belle épreuve qu’est le GRP.
Cela fait maintenant de nombreuses années que nous sommes partenaires média de cet évènement majeur des Pyrénées. En atteste les nombreux articles et publications autour d’elle.
Nous sommes pour la plupart originaire du sud-ouest dans l’équipe et c’est avec une affection particulière que chaque été, nous vibrons au rythme du GRP.
Cette année, Romain et Loïc se sont rendu à Vielle-Aure (65), qui le temps d’un long week-end, a quelque peu connu, une agitation inhabituelle.
Vidéo du Grand Raid des Pyrénées 2022
Présentation de la course
Le Grand Raid des Pyrénées figure parmi les courses les plus mythiques et les plus exigeantes sur le circuit du trail et de l’ultra-trail mondial.
Le GRP propose plusieurs formats de courses, 6 au total. Contrairement à d’autres éditions, cette année l’Ultra Tour et ses 220 km pour 13000 mètres de D+ n’étaient pas au programme.
Malgré le nombre toujours grandissant de coureurs et d’inscrits sur ses courses, le « GRP », comme les initiés le surnomment, souhaite rester un événement à taille humaine, convivial et chaleureux.
Ce rassemblement de plus de 5 000 coureurs met sur le devant de la scène la chaîne des Pyrénées et plus particulièrement, le superbe massif, encore préservé et sauvage, des Pyrénées centrales, à travers des parcours de haute-montagne somptueux.
Le Grand Raid des Pyrénées, ce n’est pas une course mais une ouverture vers les grands espaces.
L’expérience de Loïc sur l’Ultra Tour du GRP 2022
Le GRP se déroule dans un cadre que je connais bien et pour lequel j’ai une attache particulière. J’ai, en effet, passé nombre de mes vacances d’ado dans le village de Vielle-Aure et sa commune voisine de Saint Lary Soulan.
Berceau de famille, j’ai connu des moments inoubliables. Ma passion pour les sports de montagne est surement le fait de cet environnement. Passage du fameux GR10 et station de ski fréquentée, la vallée d’Aure est un haut lieu du tourisme de plein air.
Fort de mon expérience passée sur le Tour des cirques (120 km et 7500 d+), j’avais envie de relever le défi de l’épreuve reine, l’ultra tour 160. Le défi était de taille.
Après un premier semestre chargé en défis sportifs, il me fallait appréhender cette épreuve avec raison et prudence.
Du retrait des dossards au départ de la course du GRP 2022
Lorsqu’on vient au GRP, on est forcément impatient de courir, mais avant tout cela, il y a l’ambiance d’avant course. Vous savez, cette ambiance festive où, dans un périmètre restreint, se côtoient des passionnés de trail.
Et parmi ces passionnés, il y a des connaissances, des surprises aussi de voir des personnes croisées sur d’autres évènements.
C’est donc toujours agréable de voir tout ce monde. Et il faut en profiter car le lendemain ce sera la course et de nombreuses heures face à soi-même.
Mais pour cet ultra trail, j’étais accompagné d’un ami et collègue de travail, Ludo. Au départ, il y a donc un défi et surtout l’envie de partager une aventure avec lui. L’aventure ne durera pas longtemps.
Une épreuve de fond avec des hauts et des bas
Perturbé par des soucis gastriques depuis l’Alpsman en juin, j’avais à cœur de me réessayer à l’ultra distance. Je n’avais aucune appréhension et je me suis laissé « embarquer » par l’ambiance générale de la course.
Le départ est donné à 05H00 du matin depuis Vielle-Aure. Robin Thomas, le speaker et coureur à l’énergie communicative, nous motive, et déjà, je sens dans certains regards de l’appréhension.
Le début de course se passe bien, même très bien. Une longue ligne droite jusqu’au village de Vignec puis une longue montée en guise d’échauffement jusqu’au plat d’Adet. La route est large et le peloton à le temps de s’étirer tranquillement.
Le soleil commence à pointer le bout de son nez et nous permet de deviner la grandeur des paysages. Au kilomètre 20, mon coup de cœur.
Un endroit qui m’a marqué et où je veux amener ma famille. Je parle du refuge du Bastan. C’est un lieu magique, vraiment. Le refuge est entouré de lac et de verdure.
Un espace privilégié pour se ressourcer. Mais à ce stade-là, c’est pas le moment de flâner car il reste encore 140km.
Les kilomètres s’enchainent, avec comme objectif, les points de ravitaillements. Un puis deux, puis trois et déjà, nous voilà à la station de La Mongie.
La Mongie au Pic du midi
Le Pic du midi de Bigorre est un cap à franchir et après une belle descente à l’issue d’un ravitaillement conséquent sur La Mongie, ce dernier se fait désirer.
Malgré un point culminant à 2 876m d’altitude, il faudra être patient pour être devant cette merveille. La chaleur commence à se faire sentir à cet endroit et il faut du mental pour monter jusqu’au Pic.
Il s’agit d’une montée et d’une descente de 6 km environ, où nous croisons les autres participants. C’est à la fois génial de croiser les copains de galère, mais aussi parfois un peu dur de voir que certains sont faciles alors que nous un peu moins.
Le ravitaillement au col du Sencours qui suit est très bien fourni. Soupe, purée, jambon, fruits sec et j’en passe.
À ce moment de la course, on sait que nous approchons de la première nuit et le ravitaillement de Pierrefitte est déjà dans tous les esprits.
Pierreffite à la fin malheureusement de ce GRP 2022
Ce chapitre va forcément parler de ma fin de course prématurée. Mais n’y voyez pas là un plaidoyer de remords, de regrets ou autres.
Non, l’abandon n’est pas toujours synonyme d’échec. Je le vois comme une remise en question et une interrogation sur ma préparation et mon alimentation.
Car c’est bien ce dernier point qui me pose problème en ce moment. Dès le 50ème kilomètres de course, j’ai eu des difficultés à boire et à manger.
Tout comme lors de l’Alpsman où j’avais fini perfusé. L’idée même de finir dans un état similaire ne me faisait pas envie. Pas pour une course dont le seul but était de prendre du plaisir.
Et j’en ai eu. J’ai rencontré une fois de plus des bénévoles au petit soin. Et si je suis reparti du gros ravitaillement de Pierrefitte, c’est grâce à eux. On s’assoit, on discute avec eux et ils ont toujours un mot, une attention, un sourire.
Quand on court et qu’un ravitaillement approche, on sait qu’on va faire le plein d’énergie et surtout de sourire.
C’est aussi pour ça qu’on fait du trail. Alors oui, j’ai abandonné à Cauterets, aux alentours de minuit. Pas forcément fatigué musculairement, mais fatigué de ne plus m’alimenter. J’étais tout de même heureux de voir mon ami Ludo continuer avec fraicheur et il sera finisher quelques heures plus tard. Bravo mon Ludo.
Ce que je retiens de ce GRP 2022
Je pense que vous vous en doutez, mais ce que je retiens, c’est l’esprit d’entraide, de cohésion et de festivité qui entoure cet évènement.
Bien entendu, il y a beaucoup de courses qui proposent des qualités d’organisation similaires mais le GRP reste le GRP.
Il faut souligner que cette épreuve qui rassemble des milliers de coureurs sur de nombreux formats de course n’a pas à rougir face aux courses de la série UTMB.
Si vous n’avez rien de prévu l’été prochain, je vous donne rendez vous dans ce beau village de Ville-Aure pour partager avec vous un moment de convivialité sportif.
L’expérience de Romain sur le Tour des Lacs du GRP 2022
Mon historique avec le GRP
Habitué des courses du GRP, cette année j’ai décidé de m’élancer sur le 80 km en vu de me faire une dernière belle balade avant le Grand Raid de la Réunion qui se déroulera en octobre prochain.
Le GRP est moi c’est une longue histoire… Par le passé, j’ai eu la chance de pouvoir m’élancer sur le 160, sur le 220 ou encore sur le Pyrénées Trail Tour et chacune de ses épreuves m’avait porté une grande satisfaction et un plaisir de dingue.
Le 80 sera pour moi une grande première, je l’aborde avec sérénité et sans aucune crainte.
Du retrait des dossards au départ du 80km du GRP 2022
Après une belle journée passée sur Vielle Aure à profiter des copains présents, des divers stands et des animations du village, je me retrouve enfin en possession de mon dossard.
J’en profite également pour échanger avec les organisateurs, les speakers et les bénévoles que je connais. Le GRP c’est vraiment une grande famille. Quel plaisir de les retrouver !
Tous ces bons moments passés, il est grand temps de se reposer avant le départ qui a lieu à 05H00 le lendemain.
Le repas du soir fut classique, un plat de pâte, une compote, un yoghourt et hop au dodo. Malgré la sérénité affichée, la nuit ne fut pas si bonne que prévue. Je me retrouve ainsi réveillé une heure plus tôt a tourner en rond dans mon lit.
03H3O je sors du lit, je déjeune sur le pouce et je m’habille pour la longue ballade du jour. Le rendez vous étant fixé avec les potes à 04H35, pas de temps a perdre il faut vite enchainer les tâches et pas se louper.
Tout se passe bien, je quitte l’appart à 04H20 et à 04H35 je suis avec les copains.
Le départ du 80km du GRP 2022
04H50, on s’approche gentiment de la ligne de départ. Un peu trop gentiment d’ailleurs car on se retrouve complètement au fin fond du sas de départ alors que le speaker est en train de faire le décompte. 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0, c’est partiiiiiiiiiiiiiiii !!!
Rho les boulets, on part de tout derrière comme des balles. On doit avoir pas loin de 1300 personnes devant nous et on y va comme des gros bourrins.
C’est probablement pas le meilleur scénario de course et encore moins ce qu’on avait imaginé à la base, mais on s’y file sans réfléchir et on avance.
Les premiers kilomètres du GRP 2022
Après 3km de plat, les chemins commencent doucement à se raidir et ça ne fait que grimper. Les chemins sont plutôt larges, on ne se gène pas et on arrive tranquillement au Plat d’Adet.
Les premiers spectateurs sont là, ils nous encouragent, nous acclament et ça fait un bien fou.
Après quelques heures, le soleil se lève et laisse place à une mer de nuages magnifique. Les coureurs mettent fin à la guirlande de frontale qui éclairait la nuit jusqu’à présent et prennent la direction du premier ravito.
Merlans, premier ravito
Au bout de 02H10 de course je me retrouve au premier ravito qui se situe à Merlans. J’ai déjà parcouru 15 km et 1500md, je m’enfile quelques tranches de bananes, je remplis mes flasques et je file à l’assaut du Néouvielle et de ses lacs magnifiques.
J’ai 20 minutes d’avance sur mes prévisions… Cela est surement dû au fait d’être parti vite et de pas avoir fait semblant sur la première ascension.
Les potes sont juste devant moi, je me décide de les laisser filer et d’assurer la prochaine section de 15km.
Les kilomètres s’enchainent. Tout se passe pour le mieux et je file vers La Mongie avec pour objectif d’y arriver en 05H00. Les paysages sont magnifiques, le temps est parfait, bref tout est là pour passer un bon moment.
Au fil des heures, on enchaine les montées et les descentes au pied de lacs plus beaux les uns que les autres. Nous croisons très peu de personnes sur ces chemins sauvages.
Seules des vaches, des moutons, ou encore des chèvres nous accompagnent. Les marmottes quant à elles, se cachent comme d’habitude mais se font entendre de part leurs sifflements.
Une dernière montée avant la descente sur La Mongie me rassure sur mon estimatif de passage. En haut de cette belle bute, on aperçoit enfin La Mongie, j’y serais en un peu moins de 05H00, tout est ok.
La Mongie, rien ne va plus…
La Mongie est là, je vois ce ravito que je connais si bien. Il est là, tout prés, à quelques hectomètres en bas de cette descente.
D’habitude, je n’y arrive pas par là, non mais c’est quoi cette descente horrible. C’est super pentu, l’herbe y est ultra glissante et devant moi, c’est un spectacle d’Holiday on ice avec tous ces coureurs qui tombent dans tous les sens.
Pour ma part, je fais attention, j’ai pas envie de tomber et de finir trempé comme tous les autres. Chacun de mes pas sont réfléchis, je suis hyper attentif et malheureusement cela ne fut pas suffisant.
Ce qui devait arriver, arriva, dans un élan semblant assuré, je pars soudainement en arrière. Il est pour moi à ce moment précis impossible de rattraper le coup et de contrôler quoi que ce soit.
Je glisse en arrière, je ne gère plus rien et mon mollet droit s’écrase sur un caillou saillant.
L’impact fut sec, violent et le mollet se mit à gonfler direct. Une légère plaie apparait, un peu de sang coule, mais ça ce n’est qu’anecdotique. Le problème est le gonflement du mollet, à chaque foulée ça me dérange et j’avoue cela m’inquiète un peu aussi.
Une fois arrivé à La Mongie, je croise des visages familiers qui captent direct mon désarroi.
Après avoir ingurgité quelques fruits secs, je me décide à aller voir les secours.
Ces derniers sont adorables, ils me nettoient la plaie, me mettent de la glace, un pansement et me laissent le choix de faire ce que bon me semble.
Les copains sont loin devant, j’ai perdu une bonne centaine de place, mais je repars tout de même jusqu’au Sencours où je connais pas mal de monde qui s’occupe du poste de ravitaillement.
Sencours, tout le monde descend
Le Sencours est à 8km, 8km qui ne ne font presque que monter et qui laissent peu de place au plat et aux descentes.
Dans les montées ça va, ça tire un peu, mais ça passe. Sur le plat et dans les descentes, c’est différents, les impacts sont difficiles à négocier et rappellent à chaque fois la présence de la douleur.
Après 1H45 d’effort environ, je me retrouve au Sencours. Mes proches et connaissances présents la haut m’accueillent chaleureusement et s’occupent de moi.
Ils sont déjà au courant que je me suis fait mal quelques kilomètres plus tôt. Ces derniers me rassurent, me parlent calmement et me donnent de précieux conseils.
Après quelques échanges avec eux, je prends la lourde mais sage décision de rendre mon dossard. Ce choix vient de moi, il n’y sont pour rien, ils m’ont juste conseillé et ont eu des mots justes.
10 ans que je n’avais pas fait ça, 10 ans que j’avais tout braver pour ne plus en arriver là. Mais bon, à ce moment bien précis c’est ce qu’il faut faire. C’était trop risqué de continuer avec la Diag qui a lieu dans même pas deux mois.
À peine quelques minutes après ce geste, je vois mes potes qui redescendent du Pic du Midi, ils filent sur la seconde partie de la course et moi je file vers la navette des blessés pour aller récupérer le bus des abandons…
La conclusion au sujet de ce 80km du GRP 2022
Je ne vais pas rentrer dans les détails du trajet en bus tant ce moment n’est pas un bon souvenir pour moi. C’est là que tout défile, que tout se remémore et qu’on broie du noir le regard perdu dans le vide.
Se retrouver dans un bus qui vous ramène à l’arrivée c’est pas ce qu’il y a de mieux à vivre quant on est coureur.
Savoir que vous ne passerez pas la ligne et que la médaille de finisher ne finira pas dans les mains de votre fils lorsque vous rentrerez à la maison est juste un moment à oublier.
Alors oui il y a pire dans la vie, et oui c’est pas grave, il y en aura d’autres… Mais bon, c’est ce qu’on appelle la déception, j’étais juste attristé et très déçu et de ne pas boucler la boucle et de décevoir très certainement mes proches.
Mais aujourd’hui, avec du recul et quelques examens médicaux, je me dis que j’ai bien fait car si j’avais continué, je me serais déchiré le mollet intégralement.
Le bilan de la chute est assez clair, une lésion de 2cm x 1cm avec laquelle j’aurais pu finir ma course certes, mais à quel prix.
Du positif pour la suite…
Cette course m’aura au final appris une chose. Je n’ai rien a prouvé à qui que ce soit et encore moins de chose à me prouver à moi même.
Une telle course je la finis 99 fois sur 100, ce jour-là, il y a juste eu un accident. Un truc que je n’ai pas pu éviter et qui m’a pas permis de mener à bien mon aventure.
Des GRP il y en aura d’autres, à présent l’objectif c’est La Diag. Certes, la fin de prépa est un peu tronquée, mais bon j’ai fait le job depuis un an, on va donc y aller avec l’expérience du passé et avec cette nouvelle expérience du GRP qui ne peut qu’être un plus avant cette grande aventure.
Quoi qu’il en soit, à très vite sur le GRP.
Le GRP 2022 en quelques chiffres
- Prés de 6000 inscrits
- Plus de 5000 coureurs sur la ligne de départ, une première
- Plus de 20 nationalités
- 4168 finishers
- 4130 partants / 899 partantes (près de 18 % de femmes)
- 863 abandons toutes courses confondues
- 800 bénévoles mobilisés
- 500 = c’est le nombre de kilomètres proposés cette année
sur l’ensemble des courses du GRP - 6 courses / 5 formats : 160km/120km/80km/60km/40km
- 4 courses enfants
Résultats du Grand Raid des Pyrénées (GRP 2022)