Aujourd’hui je vais vous parler du K Taping. Si vous me dites n’avoir jamais vu ces fameuses bandes de couleur, je ne vous croirai pas ! Hyper répandu dans notre quotidien, et plus particulièrement dans le milieu sportif, le K Taping est utilisé à toutes les sauces.
De l’ultra trailer au footballeur, en passant par le tennisman et même le nageur, cette méthode est omniprésente. Vous l’avez peut-être même déjà expérimenté sur vous, au gré de blessures diverses et de consultations chez votre kinésithérapeute ou autres praticiens de santé.
Mais savez-vous vraiment les tenants et aboutissants de cette technique, parfois employée à tort et à travers ? En tant que kinésithérapeute du sport, je vais essayer de vous expliquer en quoi cela consiste, le fonctionnement, et surtout l’intérêt dans votre pratique sportive.
Les origines du K Taping : un bref historique !
Kenzo Kase, chiropracteur japonais, est l’inventeur de cette technique, avec cette théorie de base : pendant ses consultations, il trouve régulièrement des positions d’articulations qui semblent antalgiques pour le patient. Mais une fois la séance terminée, le patient revient à sa position d’origine et la douleur resurgit.
Voulant perdurer les effets antalgiques au long terme, sans immobiliser complètement, il cherche à guider ses patients pour qu’ils retrouvent seul leurs positions antalgiques. Pour cela, il utilise les bandes à sa disposition à cette époque. Malheureusement, ces bandes sont trop rigides et bloquent la mobilité du patient, ce qui n’est pas du tout recherché.
C’est dans cette optique qu’il se lance dans le développement de ces fameuses bandes souples, censées guider le patient sans le contraindre. Le K Taping (K pour Kinesio, le mouvement) est né. On est alors en 1970, donc le début de cette technique ne date pas d’hier ! Pendant le reste de sa carrière, il n’a de cesse de perfectionner ses bandes, et la façon de les monter.
I) Comment fonctionne le K Taping ?
Les bandes élastiques de K Taping sont des bandes souples, avec un collage fin, respectueux de la peau. En gros, enlever un Tape, ce n’est pas la même galère qu’enlever un strap, avec l’épilation gratuite qui va avec ^^ Ces bandes de tissus sont faites en coton ou en synthétique, avec une colle spécifique et technique, pour adhérer parfaitement à la peau, sans trop la contraindre.
On colle les bandes en suivant les formes anatomiques souhaitées. Elles adhèrent très finement à la peau, et grâce à la tension sur la bande, cela crée des ondulations lorsque l’articulation bouge. Ces plissements tirent légèrement sur la peau et créent pour vous une sorte de rappel. En quelque sorte, vous bougez et grâce aux petites tensions provoquées par le mouvement, de très légères dépressions de peau se forment.
Votre corps « focalise » alors un peu plus son attention sur l’articulation concernée. Avec le Tape, toute l’amplitude de mouvement est disponible. Il n’y a ainsi aucune contention ou maintien, comme c’est le cas avec un strapping. Il faut bien différencier ces deux techniques qui n’ont pas du tout la même utilité.
II) Mise au point préalable !
Il me semble important de commencer par remettre l’église au centre du village ! Le K Taping ne sera intéressant que s’il est couplé à une rééducation active et adaptée. Il peut s’agir d’un coup de pouce à un moment donné, mais en aucun cas un axe principal de traitement. A un moment donné, il était attribué à cette technique toutes sortes de vertus.
A tel point qu’on pouvait s’imaginer que la méthode était miraculeuse. Autant vous confirmez tout de suite ce dont vous vous doutez : non, ce n’est pas une méthode miracle. Toutes les rééducations, qu’elles soient sportives ou non, pour des lombaires, des entorses de cheville, genou, tendinopathies, essuie glace, etc., ne seront menées à terme que par un protocole précis et adapté d’exercices actifs.
Le K Taping ne sera qu’une adjonction à ce traitement actif, une aide pour vous rassurer, vous permettre de mieux réaliser les exercices. Sans travail actif, vous pourrez bien utiliser autant de K Taping que vous voulez, il y a peu de chances que votre condition s’améliore. Je suis un peu brutal là-dessus, mais c’est la réalité, et elle est importante à comprendre. D’ailleurs, ce discours est valable pour la plupart des méthodes « passives » : massage, physiothérapie ou encore ondes de choc, etc.
III) Quels sont les effets du K Taping ?
Cette partie peut vite devenir trèèèès longue. Entre les hypothèses, les preuves et les études en cours, il y a matière à beaucoup de débats. Je vais tenter de vous faire un bref et simple résumé.
1) En théorie
Si l’on se réfère aux différents sites proposant du K Taping à la vente, ces bandes possèdent de très nombreux atouts. Voici les principaux :
– réduire les douleurs (articulaires, musculaires)
– faciliter ou inhiber une contraction musculaire
– améliorer la circulation sanguine et lymphatique
– améliorer la proprioception (ndlr : c’est-à-dire la perception que vous avez de la position de votre corps dans l’espace, c’est une sensibilité profonde que nous possédons tous).
2) En réalité
Constat général
3) Ce que je fais de tout ça dans ma pratique
« Et moi du coup, j’en mets ou pas ? »
Si vous n’avez pas de douleurs pendant votre pratique, alors non ! Si c’est le cas (suite d’entorse, blessure musculaire, tendinopathie, etc.), alors essayez !
Au pire, cela ne vous apportera rien. Au mieux, cela vous aidera à avancer et à pratiquer en gérant mieux la douleur. Donc cela ne peut qu’être positif, l’essai en vaut la peine.
A condition de garder à l’esprit ce dont on a parlé en début d’article : le Tape est un complément à votre rééducation, pas une fin en soi. Si vous êtes bien conscient de cela, alors faites l’essai et jugez par vous-mêmes 🙂
4) Ne pas basculer dans le chronique
Conseil important : comme pour les attelles ou les strappings, il faut absolument éviter de tomber dans une utilisation « chronique », c’est à dire répétée dans le temps de façon réflexe.
Si le K Tape vous aide à revenir à votre activité sportive, très bien. Une fois revenu en pleine forme, à 100%, il faut savoir s’en passer, et ne pas créer une dépendance. Il n’y a aucune raison de porter des bandes de K Taping si vous n’avez pas de blessure.
IV) Comment on utilise le K Taping ?
1) Les modalités de pose
2) Les différentes bandes de K Taping
a) Les formes
Les bandes originales non coupées : simplement un rouleau de bande de 5 à 38M. A partir de là, vous découpez à votre guise avec des ciseaux. Vous prenez la longueur adéquate, vous découpez (ou pas) en plusieurs branches et vous collez.
Si vous n’avez jamais collé de K Taping, ce n’est pas forcément évident la première fois, la bande est fine et colle beaucoup, on a vite fait de s’emmêler. Peut-être que les prédécoupées seront alors plus adaptées.
Pour ma part, je préfère le rouleau brut, cela me permet de choisir exactement ce que je veux faire avec mon patient du moment.
Les prédécoupées : La bande est déjà découpée, vous avez juste à coller le morceau. Plus facile, pratique et rapide à mettre en place. Mais cela restreint aussi les possibilités, et il est possible que la découpe ne soit pas parfaitement adaptée à votre besoin (trop long, trop court, etc.).
Il existe tout de même de nombreuses sortes de prédécoupes, donc il y a de fortes chances que vous trouviez votre bonheur. Si vous n’êtes pas habitué au collage, je vous conseille cette méthode, plus facile.
Les patchs anti douleur : juste une courte bande prédécoupée en croix, à appliquer sur le point de douleur. Uniquement destinés à la douleur, ces patchs ne servent pas au drainage ou au rappel proprioceptif.
b) Les différentes bandes
Tous les rouleaux mesurent 5 cm de large par 5M de long (sauf Pro Wide et Pro X). Niveau tarif, il faudra compter environ 15 euros pour les bandes coton et 21 euros pour les bandes synthétiques.
– les cotons :
Deux types de bandes en coton : soit le rouleau classique KT Tape Original Coton, soit le rouleau KT Tape Gentle. Les caractéristiques sont les mêmes, le collage de la Gentle est simplement plus doux et se destine aux peaux sensibles. La différence par rapport au synthétique ? Pas d’évacuation de l’humidité, donc une durabilité moindre. Les bandes coton tiennent en place 3 jours généralement, contre 4/7 jours pour les synthétiques. Egalement, pas de design réfléchissant ou de boîte de protection pour les bandes coton. A vous de voir si ces détails sont importants ou non pour vous.
– les synthétiques :
Là est toute la spécificité des bandes KT Tape. L’ADN de KT Tape est bien le sport et la raison de l’utilisation des microfibres synthétiques est qu’elles sont plus adaptées et plus résistantes aux exigences du sport (sudation, milieu aquatique, terrains boueux…). La bande KT Tape Pro est ainsi plus durable que l’originale en coton tout en utilisant une colle similaire sans latex. Autour du concept KT Tape Pro la marque propose 4 déclinaisons uniques :
KT Tape Pro Synthetic
LE produit de base, la référence. Un rouleau ou une prédécoupe 100% synthétique, pour un collage optimal. Pour les découpes, vous trouverez une boîte de 20 pièces de 25 cm, pour la somme de 20,95 euros. De nombreuses couleurs sont disponibles si vous souhaitez assortir la couleur de votre Kinésio Tape à vos vêtements. Il existe aussi des design originaux exclusifs. Sobre ou « flashy » à chacun son style !
KT Tape Pro Extrême
Pour les conditions extrêmes : grosse chaleur, natation. Tarif un peu plus élevé (22,95 euros), pour un collage renforcé de 4/7 jours malgré les conditions.
KT Tape Pro Wide
Bandes plus larges (10 cm au lieu de 5), pour des zones comme les lombaires par exemple.
KT Tape Pro X
Ce sont les patchs anti douleurs dont je vous ai parlé. 20,95 euros la boîte de 15 croix.
Certaines bandes sont livrées avec une boîte de protection, ce qui permet de les emmener avec vous en voyage, trekking, etc., sans les abîmer.
3) Les montages
V) Où trouver des bandes de K Taping ?
Différentes marques et sites proposent des bandes de K Taping à la vente. Les bandes que je vous ai présentées sont disponibles sur le site de KT Tape.
Les bandes y sont de qualité et pourront convenir à toutes vos utilisations, à vous de choisir quelles modalités vous préférez (bande originale, prédécoupe, couleurs, etc.).
Conclusion sur le K Taping
J’espère vous avoir éclairé sur la méthode du K Taping. Aujourd’hui, la science ne prouve pas tous les effets de ces bandes de couleurs. Néanmoins, leur utilisation peut tout de même s’avérer très intéressante pour la gestion d’une blessure sportive.
Pour faciliter le drainage d’un hématome, ou encore vous remettre en confiance en augmentant les sensations sur la zone « fragilisée ». Ce «rappel proprioceptif », crée par les tiraillements sur la peau, constituera peut-être un vrai coup de pouce pour votre retour à la course à pied !
A condition bien sur de ne pas considérer le K Taping comme un traitement miracle, et de coupler cette méthode à une rééducation active et adaptée !
Sources
Livres et sites internet :
– Christophe Geoffroy : Guide pratique des contentions – taping & strapping
– https://www.kinesiotaping-france.fr
Articles scientifiques :
– Kinesio taping for chronic low back pain: A systematic review. 2016 par Nicole L Nelson.
– A systematic review of the effectiveness of kinesio taping for musculoskeletal injury. 2012, Mehran Mostafavifar, Jess Wertz, James Borchers.
– A systematic review of the effectiveness of Kinesio Taping–fact or fashion ? 2013, A Kalron, S Bar Sela.
– Current evidence does not support the use of Kinesio Taping in clinical practice: a systematic review 2014. Patrícia do Carmo Silva Parreira, Lucíola da Cunha Menezes Costa, Luiz Carlos Hespanhol Jr, Alexandre Dias Lopes, Leonardo Oliveira Pena Costa
– Effect of tape on dynamic postural stability in subjects with chronic ankle instability. R De Ridder, T M Willems, J Vanrenterghem, P Roosen
– Effect of taping on actual and perceived dynamic postural stability in persons with chronic ankle instability. Eamonn Delahunt, Angela McGrath, Naoise Doran, Garrett F Coughlan
– The Impact of the Use of Kinesio Taping Method on the Reduction of Swelling in Patients After Orthognathic Surgery: A Pilot Study. Danuta Lietz, Edward Kijak, Marcin Krajczy, Katarzyna Bogacz, Jacek Łuniewski, and Jan Szczegielniak.
– The immediate effects of kinesiology taping on cutaneous blood flow in healthy humans under resting
conditions: A randomised controlled repeated-measures laboratory study. Gourav Banerjee, Michelle Briggs, Mark I Johnson
– Kinesiotaping for postoperative oedema – what is the evidence? A systematic review. Julie Hörmann, Werner Vach, Marcel Jakob, Saskia Seghers, and Franziska Saxer.