Marathon Des Sables 2022 : l’expérience d’une vie
Au moment où j’écris ces lignes, je suis dans l’avion qui me ramène en France. C’est donc un sentiment mitigé qui m’habite, entre plaisir de revoir mes proches et nostalgie d’une aventure qui fut la plus belle expérience sportive et humaine que j’ai vécue à ce jour.
Il parait que faire le MDS change un Homme. Je ne sais pas si c’est vrai, mais en tout cas on en revient différent. J’avais déjà vécu en 2018 cette aventure incroyable avec des personnes formidables. Cette édition 2022 a été différente en plusieurs points.
Premièrement, par les conditions de course, mais aussi et surtout par les personnes rencontrées. Je vous livre dans cet article mon expérience, mais aussi ce qui fait le charme de cet évènement majeur de l’ultra distance, depuis 36 ans.
Clap de fin du Marathon des Sables 2022 avec la vidéo de la 5ème Etape
Le Marathon des Sables 2022
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette course, c’est une épreuve qui se déroule généralement courant mars dans un lieu magique, le désert marocain.
Mélangeant pistes caillouteuses, dunes de sable et Djebel, le MDS offre des paysages variés. Durant les 250 km du parcours, répartis en 6 étapes, les participants doivent porter un sac compris entre 6.5 et 13 kg pour les plus lourds.
Dans ce dernier, se trouve de quoi « vivre » durant la semaine. C’est donc avec les 2000 kcal/jour minimum requis par l’organisation et le nécessaire de couchage, de soin, et de confort que les participants devront courir…
Vous comprendrez donc que la course commence déjà même avant le départ et que la préparation du sac est une étape très importante. Négliger cette partie-là peut avoir des conséquences néfastes pendant la course.
Préparation du sac pour le Marathon des Sables 2022
Cette édition 2022 est ma troisième expérience de ce type. Pourtant, la préparation de mon sac a été une fois de plus un exercice fastidieux.
Premièrement, il m’a fallu choisir la nourriture que j’allais amener avec moi, l’organisation demandant un minimum de 2 000 kcal/jour. Je suis parti du constat que plus j’emporte de calories, plus le poids de mon sac augmente, moins je suis performant.
Mais à contrario, moins j’ai de nourriture, donc moins d’énergie… et donc je suis moins performant également.
Pour conclure, c’est un sacré dilemme et n’hésitez pas, si vous avez des questions à ce sujet, à consulter mes anciens articles. Vous pouvez également me contacter si vous avez des questions.
Ma première expérience de 2018 m’a permis de connaitre l’apport dont j’avais besoin. J’avais choisi le pack « Rachid El Morabity » complet sur le site de Lyophilise and co.
Ce dernier m’a été largement suffisant. J’ai donc décidé de partir sur le même pack en version médium avec quelques ajustements.
Ainsi, j’ai téléchargé le fichier de composition du pack et j’ai enlevé / ajouté des articles, de façon à avoir un pack qui me correspond.
Je remercie d’ailleurs Elise, et toute l’équipe de ce site qui proposent des personnalisations, mais aussi un envoi rapide et soigné.
Il est également possible de se préparer soi-même des repas avec de la fécule de pommes de terre par exemple ou des pâtes chinoises.
L’important, c’est de pouvoir essayer en amont. Mais n’oubliez pas que ce qui fonctionne à la maison ne fonctionnera peut être pas dans le désert.
Hydratation
Pour ce qui est de l’hydratation, l’organisation fournit à chacun des CP (check point) de l’eau pour la course et 4 bouteilles d’eau à la fin de chaque étape.
C’est suffisant pour se réhydrater, préparer à manger mais aussi remplir les flasques pour l’étape du lendemain.
Au sujet des flasques, je pense que mon choix se porterait à l’avenir sur des bouteilles d’eau de 500 ml. Mon corps n’a plus accepté la matière plastique des flasques qui donne un gout désagréable.
En effet, les conditions de chaleur accentuent ce goût désagréable en bouche.
Aussi, si je devais revoir mes choix, je pense que je ne prendrais pas les taboulés. Je privilégierais un second plat plus consistant et gustativement meilleur.
Je prendrais également des aliments plaisirs tels que du saucisson, des mini carambars, des bonbons pour me donner envie de boire.
En effet, en course j’ai eu des soucis pour m’alimenter et m’hydrater. Seul le sucre sous cette forme de « plaisir » m’a permis de pouvoir pallier légèrement ce problème.
La tente sur le Marathon Des Sables 2022
Lieu incontournable, témoin de moments de vie et de partage comme seul le MDS est capable d’offrir, la tente est bien plus qu’un toit. Pendant 8 jours, j’ai vécu avec trois personnes dans la tente numéro 128. Je l’ai partagé avec des personnes extraordinaires.
Il n’est pas toujours facile du jour au lendemain de partager le quotidien d’hommes ou de femmes que l’on ne connait pas.
De partager avec eux notre intimité au sens le plus primaire qu’il soit. J’ai donc vécu avec Cédric (Fleureton) , Jérôme (Billemaz), et Lionel (Jourdan).
Nous étions donc 4 « seulement » à cohabiter. Une chance, contrairement à d’autres qui étaient 7 voir 8.
Parmi ces noms, vous avez surement reconnu celui de Cédric, champion de niveau international de triathlon et de trail dont le palmarès est tellement long et honorable que le citer me prendrait un article à lui seul. Sa valeur sportive peut rougir face à sa valeur humaine.
C’est une personne d’une humilité INCROYABLE.
Il y a également le nom de Lionel, qui est juste le recordman de l’Enduroman, triathlon reliant Londres à Paris. Pour quelqu’un qui s’est mis au sport à 40 ans et qui ne savait pas nager, je vous laisse deviner le respect qui s’impose à moi.
Je vous invite à visiter son site internet qui énumère l’ensemble de ses projets. Une semaine avec lui m’a permis de comprendre aussi pourquoi cet homme est aussi performant. Il est d’une positivité et d’un mental fort.
Et pour finir Jérôme, même si son nom ne vous dit peut être rien, il mérite tout autant d’être connu tant sa gentillesse, son état d’esprit et sa détermination à finir ce MDS ont fait de lui une personne dont je me souviendrais indéfiniment.
Non pas parce que ce grand gaillard a tenté durant la nuit un rapprochement avec moi. Mais tout simplement parce qu’il m’a été d’un soutien sans failles et un partenaire que je vous souhaite d’avoir pour ce type d’aventure.
Je leur dois à tous une partie du succès de ce 36ème MDS.
L’esprit MDS
J’ai souvent entendu parler de ce fameux « Esprit MDS ». Je le dis même à mon tour après deux éditions. Pour participer à cette aventure et en garder un bon souvenir, il faut avoir cet état d’esprit.
L’entraide, le respect, le courage, l’abnégation, sont autant de qualités qu’il faut pour pouvoir apprécier cet effort long.
Bien plus que la condition physique. C’est cet ensemble de valeurs qui permet à chacun de faire « force commune » pour que tout le monde puisse finir.
Il n’y a pas un jour, une seconde sans qu’un participant aide un autre, et vice versa. Cette émulation collective est fortement présente sur le camp. Et la barrière de la langue n’est alors qu’anecdotique. Un regard, un sourire suffisent.
Je me rappelle ce Suédois qui, en pleine nuit de l’étape longue, afin de me remercier de lui avoir donner des infos sur le parcours, me dit « Do you want a candy ? ».
Et je vous assure que je me suis très bien rappelé mes cours d’anglais avec Madame Janvier au collège Germillac de Tonneins !
Je vous ai parlé de mes collègues de tente mais je pourrai également citer l’ensemble des personnes rencontrées. On se re croisera certainement au hasard d’une course et je sais déjà que rien n’aura changé.
Je l’avais déjà exprimé lors de l’édition 2018, j’ai toujours un grand plaisir à avoir des nouvelles de mes anciens camarades.
Décalage entre réalité et réseaux sociaux
J’ouvre ce chapitre pour démystifier un peu le mythe du Marathon Des Sables. Je suis toujours un peu gêné de recevoir autant de salutations et de félicitations avant ou après cette épreuve.
Il est vrai qu’elle fascine et elle met en valeur le courage et la force mentale de ces marathoniens. C’est d’autant plus vrai avec les moyens de communication que l’on connait de nos jours.
Sans enlever tout le courage et la volonté de chacun des coureurs, il faut aussi admettre que beaucoup d’autres personnes peuvent le faire. Si vous me lisez et si vous avez dans l’idée de le faire, ne vous dévalorisez pas. Vous en êtes capable.
Cette course peut être un enfer si on décide qu’elle le soit. Si on décide juste de la finir, alors on se met dans un rythme moins soutenu et on apprécie les paysages. En bref, c’est l’intensité que vous vous imposerez qui vous fera ou non souffrir.
J’avoue que ce type d’épreuve me donne envie de repousser mes limites. De toujours faire mieux, de flirter avec l’épuisement mental et physique.
J’ai eu mon compte. Ayant eu des problèmes pour m’alimenter et m’hydrater en course, je finissais les étapes dans un épuisement total.
Puisque je suis dans un épisode sur les réseaux sociaux, je tenais aussi à avoir quelques mots pour les influenceurs, ex membres de Koh Lanta ou athlètes élites que j’ai rencontré.
Au-delà de tous préjugés, de ce que l’on peut interpréter des réseaux sociaux. Ce sont des gens que j’ai appris à connaitre. Et ils sont supers.
D’une disponibilité et d’une humeur toujours joyeuses, je peux vous assurer qu’il ne se prennent pas pour des « stars ». Ce sont des gens simples, drôles et cela a été un bonheur de pouvoir les côtoyer. Merci beaucoup pour tous ces bons moments.
Les vrais champions du Marathon Des Sables 2022
Tout cela pour vous dire que je m’estime chanceux de pouvoir faire cette épreuve. Je suis conscient que nombre d’entre vous rêvent de la faire mais que le prix demandé est élevé (environ 3 500 euros).
C’est en cela que je souhaite aussi dire que c’est faisable par beaucoup de personnes, mais qu’au final c’est aussi une question de budget.
Pour rappel, la barrière horaire est représentée par deux chameaux faisant office de « serre file ». Donc environ de 3 à 4km/h.
Le MDS peut donc se faire en marchant. Je salue très fortement ces hommes et ces femmes qui ont donc passé plus de temps que moi sur le parcours, dans la tempête de sable et sous le soleil.
Ces hommes et femmes qui nous ont encouragé quand nous autres, coureurs, les avons doublé sur l’étape longue. Les mêmes qui ensuite, n’avaient que peu de repos pour repartir de plus belle le lendemain.
« Si les adorables champions Marocains méritent toute mon admiration, ces marcheurs l’on tout autant. »
Y retourner ?
C’est une question que je me pose encore. J’aurais envie de dire plus jamais. Tout comme ce troisième jour où mon état de santé s’est dégradé, au vu du peu de nourriture que je pouvais recevoir.
Ayant deux enfants j’étais motivé par l’envie de ramener cette deuxième médaille pour mon dernier petit, Jules.
Je pourrais me dire que l’objectif est atteint. Que finalement, ma place de 100ème ne compte pas et que seule la joie de mon fils de pouvoir recevoir cette médaille me suffit. Mais au fond de moi, je sais que je peux faire mieux.
Que mon envie de repousser sans cesse mes limites me donne envie d’aller chercher une place plus honorable. J’ai pensé arrêter de peur qu’il m’arrive un souci de santé grave.
Oui, pour la première fois j’avais peur du lendemain et de ne pas pouvoir dire stop et d’aller vraiment au bout.
Le corps humain peut aller loin mais à quel prix. Et pourtant à ce jour, ma tête a déjà fait un « reset » des difficultés rencontrées.
Je ne dis donc pas que je n’y retournerais jamais. Car au fond qui sait, peut être qu’un jour mes deux petits mecs me demanderont de le faire avec eux. Je ne forcerai rien et je ne leur demanderai pas de le faire, mais si c’est le cas, alors je reviendrai volontiers.
Ce que j’ai appris sur ce Marathon Des Sables 2022
Il est difficile de lister ce que j’ai appris sur cette édition. Comme toutes expériences sportives exigeantes, j’ai bien entendu appris sur moi. Sur ma capacité à réfléchir, à surpasser cette envie de tout arrêter.
J’ai appris une fois de plus que le meilleur de l’humain est présent dans le MDS. Et croyez moi, on en a bien besoin.
Beaucoup de personnes viennent « déconnecter » dans tous les sens du terme, de leur vie mouvementée. Certains décident même de changer de vie après. Je n’en suis pas là.
Il est parfois difficile de revenir à la « vraie » vie ensuite et le seul conseil que je peux vous donner, c’est de repartir sur d’autres objectifs à court terme.
Pour ma part, je repars au Maroc à la fin de la semaine pour un projet humanitaire et sportif. Une traversée du pays en vélo pour l’association de mon ami Jalil Narjissi, AZIMUTHS.
Conclusion au sujet du Marathon Des Sables 2022
Ce MDS laissera en moi une trace indélébile. Des souvenirs gravés à jamais. Des kilomètres de souffrance endurés avec Madame Laurence Klein, 4 fois victorieuse de ce MDS, en passant par ces 50 km avec Claude et Sam, de Koh Lanta, un régal.
Sans oublier Steven Le Hyaric avec qui j’ai également pu partager quelques départs d’étape.
Je n’oublie pas les voisins de tente (Mélanie, Morgane, Laurent, Céline, mais aussi Sissi Cussot, Julien Chorier, Houcine, Solenn, Geofrey, Mérile, Sandrine, Damien le vidéaste, Pierre Étienne Léonard pfffff il y en a tellement).
Merci à tous les bénévoles pour leur gentillesse. Méhé l’homme au sourire qui vaut de l’or. J’oublie certainement pleins de gens et je m’en excuse.
Mais il y a un moment qui m’aura plus marqué que tous les autres. Un geste qui peut paraitre simple mais qui m’a ému aux larmes.
Celui de Cédric Fleureton, qui m’a offert son dossard avec un mot de sympathie. Lionel Jourdan en a fait de même également. Croyez moi que pour le sportif amateur que je suis, je ne suis pas prêt de l’oublier.
Je remercie encore une fois mon ami et rédacteur en chef de ce mag Cédric, ainsi qu’Élodie et Romane de l’agence Bernascom. Sans oublier ma famille, mes amis et mon épouse bien sûr, sans qui je ne pourrais faire tout ça.