Si chaque aventure est unique, certaines revêtissent un caractère plus extraordinaire que d’autres. Le Marathon des Sables 35ème édition, fait partie de celles-ci. Une course à jamais extraordinaire.
Si la course est mythique et n’a nul besoin d’être présentée, nul doute que cette 35ème édition marquera de son empreinte l’histoire de la course.
Ce récit est un témoignage personnel et a pour but d’essayer de refléter (dans la mesure du possible), la réalisation du rêve d’un grand garçon de 40ans qui pendant des années s’est identifié à ces aventuriers du désert.
Des aventuriers qui chaque année marquent de leurs pas le désert et rejoignent au fil des ans la belle famille des finishers du MDS.
Il était une fois le rêve d’un gamin de 10 ans…
Il y a 3 ans quand Cédric me propose de participer au MDS, je n’y crois évidemment pas mes yeux. Le rêve d’un enfant sur le point d’être réalisé.
Le rêve d’un coureur de rejoindre la belle famille du MDS. Si la plupart des courses sont organisées avec passion et courage, on peut dire que le Marathon des Sables fait partie de la short list des plus belles courses.
Au travers de Patrick BAUER, le Marathon des Sables a acquis au fil des années, une histoire, une âme qui chaque année se renforce.
En me faisant participer à cette course, c’est le rêve d’un gosse qui est sur le point de se réaliser et je ne peux que remercier infiniment Cédric de m’avoir fait confiance pour représenter au mieux l’équipe de TRAIL SESSION.
Si proche d’un départ tant espéré
C’est donc plein de motivation que j’entrevois en décembre 2019 la participation au Marathon des Sables. Avec toute la préparation et l’entraînement nécessaire au bon déroulement d’une course aussi extrême que celle-ci.
Evidemment, j’ai déjà connu de belles émotions au travers de courses comme la TDS, TRANSGRANCANARIA, TRANSVULCANIA, CCC, Templiers, GRP…. mais là j’avoue, cette course est à part.
Par son historique, par son cadre. Bref, tout est réuni pour passer un bon moment comme je les aime.
Je ne referais pas l’histoire des annulations et reports liées au Covid mais toujours est-il que fin août 2021 j’ai à portée de vue la réalisation d’un rêve éveillé dont je vais maintenant vous retracer les principales lignes.
Une arrivée au Marathon des Sables tant attendue
Ça y est on est, le Jeudi 30 Septembre 2021. Une date tellement attendue, tellement espérée que j’ai du mal à y croire. Après 3 reports, on y est.
À quelques dizaines d’heures de prendre le départ d’une course aussi mythique que mystérieuse… Mythique car le MDS s’est forgé au fil des années la réputation d’une course à part. Une course aussi célèbre que compliquée à gérer.
Evidemment, pas de dénivelé insurmontable, pas de passages techniques. Juste une course en autosuffisance où le dépassement de soi révèle tout son sens.
Personnellement, je n’ai pas peur de la course. Ce n’est pas présomptueux mais juste le constat que j’ai déjà fait plus compliqué. Que mon mental devrait me permettre sans souci d’aller au bout de cette longue traversée du désert Marocain.
La seule interrogation concernant le poids du sac et la nutrition (toujours un peu compliqué me concernant).
C’est donc avec un moral au beau fixe que j’arrive à l’aéroport de Errachidia pour rejoindre tous les coureurs de plus de 50 nationalités pour prendre part à cette édition tant attendue.
Je franchis la douane sous les applaudissements des bénévoles du MDS et surtout la tape amicale de Patrick BAUER qui nous accueille à notre arrivée !
La rencontre de la tente 87 : une 2ème famille
La course ne commençant que le dimanche, le 1er jour est l’occasion de faire connaissance avec ma nouvelle 2ème famille. Celle de ma tente 87. Une famille qui pendant 6 jours se forme avec des liens très forts. Me concernant, j’ai la chance d’avoir une tente avec des coureurs aussi sympas qu’uniques.
Il y a Mick, le marin pécheur tatoué autant impressionnant physiquement qu’adorable humainement. Guillaume un entrepreneur plein de motivation pour aller au bout de cette course et qui surtout aime bouquiner en pleine nuit.
Max un coureur expérimenté qui a connu de nombreuses éditions du MDS et qui nous bluffe par sa maitrise de l’équipement et sa culture de la préparation.
Florian, dont la moustache est aussi visible que sa bonne humeur ! Il y a aussi Greg, qui a toujours le mot pour rire et détendre la tente le soir après l’étape du jour (et pendant d’ailleurs).
Et enfin Alain, qui avec ses tongs et son organisation nous aura bien fait rire ! Le seul mec qui arrive avec un sac presque vide mais qui par son bagou l’aura vite rempli.
Bref une famille, une équipe qui gardera ce lien pour toujours. La tente 87 pour ne pas la nommer !
La récupération du dossard : un moment unique et magique
Concernant la récupération du dossard et le contrôle du sac, c’est un moment aussi important qu’attendu avec la récupération du précieux sésame après 1h de contrôle.
Le dossard en main, il n’y a plus qu’à préparer le sac pour prendre part au départ de la 1ère étape le lendemain.
1er petit signe d’alerte : la chaleur ! J’avoue ne pas avoir prévu qu’il allait faire aussi chaud ! La suite nous donnera raison et aura des conséquences importantes…
1ère étape du Marathon des Sables : l’étape de mise en jambe
Ça y est, on est sur la ligne de départ ! Au son du fameux « Highway to Hell », on prend enfin le départ du MDS après un speech plein d’émotions de Patrick BAUER !
Avec un sac de 11kg sur les épaules autant vous dire que les 1ers km ne sont pas forcément ultra simples et même surprenants. Si j’ai l’habitude de courir avec un sac, 11kg ça commence à faire.
Imaginez-vous avec un poids mort de 11kg sur les épaules et surtout devant le porter pendant 240km dans le désert sous une chaleur infernale.
Bref c’est le kiff que j’ai choisi d’avoir et personne ne m’y a forcé. C’est donc avec cette contrainte opérationnelle que je parcours les 32,5km de la 1ère étape pour arriver plein d’émotions plus de 5 h après le départ, sur la 2ème base de vie où je vais pouvoir y laisser mon sac se reposer pendant quelques heures.
Cette 1ère étape, c’est bien sûr l’occasion de se faire la popotte comme un grand avec un menu 5 étoiles !
2ème étape du Marathon des Sables : Merzouga, une fine frontière entre enfer et paradis
Si le paradis de cette 2ème étape aura été le fameux passage des dunes de Merzouga, tout le monde se rappellera pendant longtemps de la disparition tragique d’un coureur au soir de cette 2ème étape et l’hécatombe d’abandons sur celle-ci.
Une étape bercée par une température de 53°C et 13km de dunes.
Un rêve pour beaucoup de coureurs tant la beauté des paysages était magique, un cauchemar pour beaucoup d’entre nous tant la chaleur aura été insupportable.
Me concernant, ça aura été l’occasion de parcourir un paysage absolument idyllique dont j’ai toujours rêvé. Un passage qui a fait toute la gloire du MDS et des coureurs ayant été au bout.
Mais c’est vrai que de voir autant de coureurs abandonner sur les CP m’aura vraiment surpris. Le constat que la chaleur est un facteur non maitrisable malgré toute la bonne préparation.
Le soir évidemment, si la fatigue de l’étape était présente, un triste retour à la réalisé aura été nécessaire par la prise de parole de Patrick BAUER suite au décès du coureur.
Le MDS c’est aussi et surtout une famille qui en ce jour a perdu l’un des siens qui part rejoindre la caravane du MDS.
3ème étape du Marathon des Sables : une étape particulière mais rassurante
Au matin de cette 3ème étape, on part le cœur gros suite à l’évènement tragique de la veille. Mais on reste tous motivés par le fait d’aller au bout. On commence à avoir la sensation de faire partie d’une édition qui sera gravée à jamais !
Dans notre tente 87, c’est la soupe à la grimace avec l’abandon de Guillaume et Max. Un retour à la dure réalité d’une édition vraiment extrême et sélective. Personne ne peut les blâmer tant cette édition est intraitable, juste les soutenir et aller au bout en pensant à eux !
Si la chaleur ne faiblit pas sur cette 3ème étape, le parcours est abordable avec quelques passages un peu techniques mais sans réelles difficultés.
Après quelques heures à alterner la course (à rythme modéré bien sûr) et la marche rapide, on a le droit de se poser sur une nouvelle base de vie.
Chaque soir, c’est le même rituel, à savoir la satisfaction de tous se retrouver afin de manger un bon repas lyophilisé et se coucher vers 19h30.
4ème étape du Marathon des Sables : l’étape longue mais quand on aime on ne compte pas !
Une partie de jour bien chaude
Si la 4ème étape arrive avant la coupure c’est aussi et surtout la fameuse étape mystère qu’on s’apprête à vivre. Une étape de 82km prête à se couvrir de ses plus beaux vêtements.
Comme d’habitude le départ me concernant est laborieux puisque mes pieds commencent à sacrément me faire souffrir. Pas au point d’être bloquant mais ça commence à être un peu compliqué.
Si toute la partie de jour se fait en serrant les dents au vu des températures extrêmes (jusqu’à 58°C de ressenti), j’ai la chance de faire un bout de chemin avec Greg et Flo, et en discutant un peu, ça permet d’aller plus vite et de ne pas trop voir le temps passer.
Une baisse de T°C bienvenue
En début de soirée les températures baissent ce qui permet de reprendre un peu de forme et d’aller un peu plus vite sur les longues lignes droites.
Evidemment sur une étape de 82km, il y a forcément des passages plus durs que d’autres. Me concernant ce sera juste avant de grimper un joli mur avec des pentes à 25% dans le sable.
Greg et Flo vont surement rire en lisant ce passage. Personnellement, on va dire que j’ai bien aimé faire des pauses pour me rafraichir un peu et que celles-ci m’auront fait du bien 😉
Bref sans trop comprendre pourquoi à part que je fonctionne en mode « on/off » je repars pour finir les 21km restant pour arriver en fin de nuit sur le bivouac de la 4ème étape après une longue mais très longue ligne droite de plus de 9km.
Dit comme ça, c’est long, et en pratique c’est encore plus long ! (Avec même quelques hallucinations me faisant voir des ponts et une voiture balai particulière)
Après cette 4ème étape, c’est aussi et surtout l’étape « coca-cola ». La journée de repos se sera révélée être un enfer de douceur à se faire du sauna au chaud sous la tente.
Cela aura été aussi l’occasion de se vider une canette de coca-cola et de prendre une douche avec des glaçons. Une parenthèse rafraichissante avec une boisson en l’instant plus précieuse que le confort d’un lit !
5ème étape du Marathon des Sables : la délivrance
Cette 5ème étape c’est surtout l’étape de la remise de la fameuse médaille de finisher. Vu l’édition dantesque, on peut dire que celle-là est attendue et méritée.
A chaque pas me rapprochant de la ligne d’arrivée, c’est un flot d’émotions qui me submerge ! Un cumul de fatigue, d’envie d’en finir, de fierté, de satisfaction d’avoir été au bout de cette aventure.
De faire partie d’une petite famille de finisher édition 2021 s’ajoutant à une longue famille.
Une 5ème étape présentant quelques couacs pour rendre cette ligne de finisher plus savoureuse
Je passe sur ma galère de nutrition (encore et toujours le même problème !) m’empêchant de manger correctement sur cette fin de course et surtout de façon irrégulière.
Un jour je trouverai la solution…ou pas. Je passe sur ma galère de chaussures qui m’aura complètement sapé le moral pendant les 1ers km car ayant été obligé de découper mes chaussures afin de rentrer dedans.
Comme d’habitude dans ce genre de situation, je mets le cerveau sur off et j’avance tant bien que mal pour aller au-delà de la douleur.
Il était écrit que cette année il faudrait mériter d’aller au bout. Avoir son lot de galères et bien qu’à cela ne tienne ! Mes meilleurs souvenirs étant sur les courses sur lesquelles j’en bave.
Celle-là ne dérogera pas à la règle ! Evidemment, je pense à ma famille, à tous mes ami(e)s qui me suivent dans cette aventure. Une aventure complètement incroyable et tellement indescriptible.
Une pensée évidemment émue pour mes 2 enfants Célia et Tom et ma femme Laetitia. Mon trio de cœur qui aura occupé mes pensées toute la course !
En voyant la ligne d’arrivée après la dernière petite difficulté du jour, un flot d’émotions me traverse ! Ca y est j’y suis. Dans quelques minutes, je vais être finisher de la course la plus extrême à laquelle j’ai eu la chance de participer.
Une édition qui me marquera à jamais tant le dépassement de chacun et chacune aura été important. Le mérite d’avoir été au bout de cette 35ème édition dans des conditions indescriptibles ! Moi qui n’aime pas la chaleur, on peut dire que j’ai été gâté cette année !
6ème étape du Marathon des Sables : un clap de fin aussi compliqué que bref
Si la dernière étape n’est pas chronométrée, il va s’en dire que j’en aurais bavé avec mes soucis de pied. Un cauchemar de courir avec des pieds à vif malgré l’ouverture des chaussures.
Si j’avais tellement aimé profiter de chaque dernier km de cette formidable mais difficile aventure, j’ai dû au lieu de cela serrer les dents pendant 8,5km pour aller au bout de cette aventure et rejoindre mes potes de la tente 87 pour prendre le bus direction Ouarzazate.
Une étape si simple sur le papier mais si compliquée à gérer avec des pieds détruits par le terrain hostile.
Une fin à jamais associée aux dunes de Merzouga
Et voilà fin de l’aventure. Après 240km, l’aventure prend fin. C’est difficile de se dire que c’est finalement si vite passé. 3 ans à attendre le départ pour finalement une fin aussi rapide.
Clairement, il y aura un avant et un après MDS, mais je reste bercé par mes rêves et un difficile retour à la réalité du quotidien. Mes potes de la tente 87 me manquent.
Je crois que malgré toute la difficulté de la vie, de nos tracas au quotidien, rien ni personne ne pourra jamais effacer ces moments magiques.
Je pense que chaque finisher du MDS édition 2021 aura laissé un peu de lui dans les dunes de Merzouga.
Que ce soit Nicolas qui aura parcouru toute la course chaussée de ses espadrilles, Olivier le Monsieur « 0 déchet » de la course ou alors Amy amputé d’une jambe.
Il y a presque autant d’histoires que de coureurs. Pour chacune et chacun, une fin parfois avortée mais en étant allé au bout de soi-même.
Personnellement, je cours pour ce genre d’émotions. 1 semaine après la fin de course, mon esprit vagabonde encore dans ce désert.
Un désert qui m’aura tellement apporté. Le temps final et la place resteront complètement anecdotiques. Demeure la sensation d’avoir participé à une aventure indescriptible, « ir »réelle et éternelle.
Une chose est sûre me concernant : la vie mérite d’être vécue pour vivre des moments aussi intenses. Des moments procurant des sensations aussi indescriptibles.