Direction Marseille, à la rencontre des Mountains Legacy, trois jeunes athlètes vidéastes qui ont lancé leur boîte de production. Des mecs simples, humbles, doublés de grands sportifs, qui font un travail fantastique et… risqué ! De l’escalade, de la course, de très belles images, beaucoup de rires et quelques frayeurs… Trail Session est parti à la rencontre de Florent Andréani et Jordan Manoukian (Cédric Manoukian, le troisième larron de la bande, était retenu à un mariage le jour de l’interview).
De gauche à droite : Florent Andréani et Jordan Manoukian de Mountains Legacy, avec Corentin pour Trail Session.
(Interview réalisée en Mai 2017)
PS : Prenez le temps pour jeter un œil aux différents liens vidéo, vous comprendrez mieux… des grands malades !!!
Les gars, présentez vous dans un premier temps, dites nous qui vous êtes et ce qu’est Mountains Legacy ?
Florent : Salut c’est Florent, je fait partie de Mountains Legacy avec mes collègues Jordan, et Cédric qui n’a pas pu venir.
Jordan : Mountains Legacy à la base c’est trois potes, on est des coureurs de passion, et aussi des vidéastes. Ça a commencé au départ parce qu’on courait en montagne tous les trois ensemble, et on a voulu partager ce qu’on faisait.
F : Ce qu’on aime c’est être ensemble, faire de l’escalade, de la course, on ne fait pas trop de compétition, on aime profiter en extérieur du moment présent.
J : Mountains Legacy, ça veut dire les montagnes en héritage, parce qu’on vient tous de familles de sportifs. On a toujours été habitués à être dehors et nos parents nous tiraient à la montagne quand on était minots.
F : Donc on a chacun un héritage à transmettre, nous c‘est la montagne et c’est pour ça qu’on a voulu créer ce collectif. On voulait retranscrire ce qu’on faisait à travers des vidéos. On avait une petite caméra, on a commencé à se filmer, on a trouvé cela cool et on a continué.
Vous faites ça depuis combien de temps ? Vous êtes nés sur les crêtes ?
Jordan : Nos parents nous ont dit qu’on était né dans les montagnes ! Cela fait un long moment que l’on court, après la course de crêtes est venue naturellement comme une évolution logique de notre sport. On a toujours voulu faire peau neuve à la course à pied, (…) on adore ce sport et on veut casser les codes en faisant des choses différentes.
Florent : En juillet on va faire un stage de perfectionnement en parapente, donc maintenant on va monter avec une petite voile (mono surface) dans un sac à dos, et pour redescendre on utilisera le parapente. Donc c’est une évolution constante de notre pratique.
J : On aime bien mélanger la liberté avec le trail, ce n’est pas que du trail, c’est surtout le fait d’être dehors, d’être ensemble, et d’aller d’un point A à un point B en passant par autre chose que des chemins.
Donc maintenant c’est votre boulot à plein temps, vous vivez de votre activité ?
J : Aujourd’hui on a monté une boite de production, Mountains Legacy Production, depuis 4 mois, et on travaille à temps plein là-dessus, on vit de notre passion. On essaye de retranscrire tout ce qu’on fait au jour le jour sur nos réseaux sociaux, et on bosse pour des clients, essentiellement dans l’outdoor.
F : On travaille avec nos sponsors, et d’autres marques qui veulent du contenu un peu différent parce qu’on a notre vision un peu dynamique, moderne, pour apporter des solutions à des entreprises qui veulent de l’image.
Au niveau du matériel, vous amenez quoi sur vos sorties ?
Jordan : Cela dépend des tournages. Si on part « light », on prend un drone, le DJI Mavic ou le DJI Phantom 4 Pro. Et après, on filme avec les Gopro (…), avec des stabilisateurs qui sont essentiels pour courir en stabilisant l’image. Et pour la partie pro, on a des caméras professionnelles 5D mark IV (de chez Canon) avec tout un tas d’objectifs.
Donc, on n’est pas tout le temps light en fait ! Heureusement qu’on est trois et que Cédric est une mule, c’est lui qui porte tout !
Si on parle un peu de courses maintenant, on vous voit faire des trucs de dingue dans vos vidéos, au bord des falaises, etc. Comment cela se passe derrière la caméra ce genre de scène : jamais de peur, de situations compliquées ?
J : Si un peu ! (rires)
F : Il y a encore deux semaines on était dans les calanques on se disait qu’est ce qu’on ne ferait pas pour une vidéo !
En général, ce qu’il se passe, c’est qu’on arrive et direct, on a le coche, on voit un lieu et on dit, « ok on va aller la bas », on va faire une vidéo et on est sûrs qu’on aura un rendu. Et là, sur place, soit on y va au feeling et on tourne en une fois, ou des fois on essaye de repérer un peu, de scénariser et de mettre en scène.
Jordan : Il y a toujours une partie scénarisée, mais qui ne prend pas énormément de temps, ça reste avant tout de l’improvisation.
Vous n’avez jamais eu peur de partir sur ce genre de sorties ?
F : Le risque on sait qu’il est là, on ne fait pas des trucs extrêmes tous les jours non plus, et puis on mûrit maintenant, on s’équipe un peu.
J : On s’encorde ! (rires)
Au niveau de l’entrainement, vous faites des choses particulières ? Il y a, je suppose, une vraie préparation physique derrière ces films ?
J : Bien sûr ! Cela reste un sport avant tout, déjà comme on t’a dit nous sommes vraiment multi-sports. Je cours le plus des trois, mais on fait tous en moyenne au moins 50 km par semaine, parce que c’est la base.
F : Après moi j’aime bien faire du cross fit pour faire le fond, j’ai des entorses à répétition donc je fais beaucoup de proprioception pour me renforcer. Un peu de fond, de l’escalade, du paddle, du vélo, etc. On adore les sports en plein air, on adore être dehors !
A ce propos, vous utilisez souvent le terme d’alpine running… pour vous c’est quoi la définition de l’alpine running ?
J : Notre vision de l’alpine running, c’est de partir entre collègues, légers si possible, « fast and light » (c’est la mode, parce que c’est très pratique !).
F : Ça reste du trail en fait, mais sans chaussures d’alpi, tu restes en chaussures légères.
J : Je pense que c’est un mélange d’escalade, de trail et d’alpinisme tout simplement. Et après c’est ta manière à toi de le pratiquer qui va le définir.
Et au niveau de la course à pied, cela vous arrive de prendre des dossards, de vous aligner sur des courses ?
F : Plutôt Jordan, moi je ne suis pas trop compétition, Jordan le fait régulièrement par contre, il fait top 3 à l’UTMB ! (rires)
Du coup vous faites quand même quelques entrainements type fractionné ?
J : Oui oui bien sur, on va s’entrainer avec du fond, des séances spécifiques, comme n’importe quel coureur qui veut progresser en course à pied, avec un cadre, 5 séances par semaine pour bien bosser.
Avec le développement de la Gopro, de plus en plus de gens essaient de courir et de filmer, vous donneriez quoi comme conseils pour courir avec une Gopro et avoir un rendu correct ?
J : Un stabilisateur !
F : Oui obligé, le stabilisateur, sinon ça ne marchera pas. Après il faut être créatif, essayer d’innover, c’est bien de s’inspirer des gens mais il faut essayer de faire des choses changeantes.
J : Si tu veux démarrer et faire de la vidéo, tu as juste à avoir une caméra, être créatif. … et tu peux faire des choses exceptionnelles avec une gopro.
F : La Gopro suffira très bien mais il faut avoir l’endroit et l’idée derrière… Nous on s’est donné la règle des 3H : raconter une histoire, toujours avec de l’humour, et de l’humain.
Vous êtes partis en Islande pour faire un film qui s’appelle Iceland Change Your Life, qu’est ce que vous tirez de cette expérience islandaise ?
F : L’Islande est un pays magnifique, un mélange de terres volcaniques et de glaciers, donc on s’est régalés.
J : C’est une terre d’aventuriers ! Il n’y a pas grand-chose qui a été fait, il y a des monts qui n’ont même pas encore de nom, parce que c’est tellement perdu que personne ne va là bas ! C’est ouf, on le conseille à chaque personne qui veut se dépayser !
F : l’Islande et la Réunion, qu’on a fait dernièrement, c’est deux destinations que je conseille à tous les amoureux du running. Ce sont des terres de trail et d’aventure.
https://www.youtube.com/watch?v=YbS5S9XyJ9E
Maintenant si on regarde dans le futur, quels sont les projets ? Des films, des voyages, des courses ?
J : On a plein de projets… Maintenant on a notre boite de production, donc il y a plein de projets qui tombent, et on va notamment être derrière la caméra. C’est la suite logique quand tu fais des vidéos de devenir réalisateur.
F : On veut faire du story telling, mettre en avant des athlètes qui ont des histoires atypiques à raconter. On aimerait filmer des ultra runners, qu’ils nous montrent leurs coins, aller à leurs rencontres… voir quels sont leurs « legacy ». En fait on s’appelle Mountains Legacy parce que c’est l’héritage que nos parents nous ont donné, on a les montagnes en héritage donc on aimerait demander aux gens quel est leur « legacy », leurs inspirations, et faire des histoires là dessus. Tout ce que l’on fait avec Mountains Legacy, c’est basé sur des rencontres et des gens qui nous inspirent.
J : Voila pour la partie réalisation, et après on a un projet cet été on va partir aux Etats-Unis et Canada, faire un road trip aux US. On va partir dans les états de l’Utah, Nevada, Colorado, et Montana. Pourquoi là bas ? Parce qu’en termes d’images c’est incroyable !
Aujourd’hui de quoi vit Mountains Legacy ? Les vidéos, les sponsors, les festivals ?
J : On vit essentiellement d’amour et d’eau fraiche ! (rires). On vit de la vidéo, on fait de la réalisation pour les marques. On a été sélectionnés en festival pour le film Iceland, mais ce n’est pas quelque chose qui rapporte de l’argent.
F : On ne monétise rien sur Facebook et Youtube, on ne gagne pas d’argent avec ça. On gagne en faisant des pubs.
J : Ou comme les athlètes en portant des habits, ou juste en faisant de la réalisation pure.
Dernière question, vous avez promené vos baskets sur les calanques, la mer de glace à Chamonix, les volcans d’Islande, quel est le meilleur spot ?
J : En Islande il était 1h du matin, on était perdu. Je ne sais pas si vous avez vu le film Watler Mitty, on cherchait le port d’où il s’envole en hélico, et en fait on s’est perdus et on arrive sur une espèce de place où il y a la mer, pas de nuage, il est 23h et il fait jour comme s’il était 1h de l’après midi ! Et là on décide de grimper sur une montagne gigantesque, et il y a une crête qui est incroyable, on décide de la courir. On commence à grimper en alpine running, on arrive en haut et on délire.
F : Moi j’ai bien aimé la Réunion, j’ai trouvé magique dans le sens où tu cours au milieu des bambous, et le virage d’après tu vas avoir des sapins, c’est une terre de trek vraiment atypique et magique.
Et le spot de rêve, le truc où vous avez vraiment envie d’aller pour le prochain projet ?
F : On va faire un petit mont blanc en running, cet été, ce qu’on n’a encore jamais fait (interview réalisée au Printemps).
J : Il y a un truc qui me reste dans la tête, en Islande, une crête qui est perdue à la fin de l’Islande. On a vu une photo de cet endroit, ça s’appelle le Hornstrandir et il y a une crête qui est gigantesque et incroyable. C’est mon rêve de courir là-bas, et on se fera un trip juste pour y aller ! Donc spot de rêve, Hornstrandir en Islande 🙂
Pour plus de vidéos de Mountains Legacy, allez vite voir sur Youtube !
Interview réalisée par Corentin Crouzet pour Trail Session Magazine
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Trail Session Magazine, Novembre 2017
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