Raidlight Desert Trophy : l’aventure d’une vie !
La première édition du Raidlight Desert Trophy s’est achevée il y a quelques jours. Pendant une semaine, les participants ont parcouru la Jordanie, et plus précisément le désert du Wadi Rum.
Quatre épreuves de trail running, pour un total de 140 km. Vous pouvez retrouver toute la présentation de course sur cet article, paru quelques semaines avant le départ.
Une première édition parfaitement orchestrée par l’équipe Raidlight et NED Trail To Be Alive, qui laissera des souvenirs par millions dans les têtes de tous les coureurs.
Notre rédacteur Corentin était sur place pour vivre l’aventure au plus près. Découvrez ses clichés, son récit de course et ses impressions sur ces quelques jours hors du temps.
Un voyage sportif et culturel
Traverser une partie du globe pour simplement courir puis repartir aurait été un peu aberrant… L’équipe Raidlight l’a bien compris, et a bâti cet événement avec une idée en tête : créer un voyage à part entière.
Au menu : découvrir une culture, des paysages, faire des rencontres… la course en devient (presque) secondaire.
Ainsi, le premier jour fut dédié à l’exploration de la cité antique de Petra. La découverte de ce joyau jordanien est un arrêt inévitable pour tous visiteurs du royaume hachémite.
Bien que très touristique, il ressort de ce lieu une atmosphère particulière, une force incroyable.
Ce qui se déroule sous nos yeux, au fond de ce canyon, est extraordinaire : une roche aux couleurs ahurissantes, dans laquelle est venu sculpté le peuple nabatéen il y a 2500 ans.
C’est un véritable pan de l’humanité qui se dresse devant nous.
Le groupe est déjà ravi, alors même que la course n’a pas encore commencé… Et pourtant, demain il faudra être prêt sur la ligne de départ !
Les conditions de course du Raidlight Desert Trophy
Semi autonomie
Pour rappel, cette course se déroule en semi autonomie : l’organisation fournit les ravitaillements, les tentes… et vous portez vos effets personnels, ainsi que le matériel obligatoire.
A ce jeu là, chacun sa stratégie ! Personnellement, j’ai joué la carte ultra minimaliste avec un sac de 3kg environ (eau comprise). De quoi provoquer un peu de jalousie chez mes compagnons de tente… ou de dégout avec ma tenue unique pour les 4 jours !
Dans un prochain article, je reviendrai sur la panoplie Désert de Raidlight, que j’ai pu tester sur le terrain.
Cette semi autonomie permet d’instaurer une difficulté supplémentaire, sans basculer non plus dans des conditions de course trop inconfortables.
L’évocation du Marathon des Sables et de l’autonomie complète est souvent revenue dans la bouche des participants. Pour certains, le Raidlight Desert Trophy est d’ailleurs une préparation, une étape en vue d’une future tentative sur le MDS.
Je pense que le RDT trouve effectivement bien sa place au côté du mythe marocain dans le rayon des courses désert.
Il s’agit d’un parfait intermédiaire, loin d’être facile, mais plus confortable et plus intime (70 participants VS 1000…).
Les étapes du Raidlight Desert Trophy
Le Raidlight Desert Trophy se déroule en 4 étapes, réparties de la sorte :
- étape 1 : 25 km trail / 20 km rando.
- étape 2 : 30 km trail / 25 km rando.
- étape 3 : 58 km trail / 30 km rando.
- étape 4 : 42 km trail / 25 km rando. (Etape finalement ramenée à 25 km en raison d’une météo capricieuse, j’y reviendrai plus loin dans mon article)
Comme vous pouvez le constater, deux formules sont accessibles, en rando ou en trail. L’organisation a voulu rendre les choses malléables, pour que chaque participant puisse trouver son compte.
Ainsi, il est possible de changer en cours de route entre les deux formules. De même, un abandon sur une étape ne vous empêchera pas de repartir le lendemain.
Un fonctionnement qui enlève un peu de pression sur les épaules des coureurs. Et qui vous assure de profiter au maximum du désert, quelque soit votre niveau ou vos aléas physiques.
Pour cette édition, on comptait 41 coureurs sur le format Trophy (trail, chronométré) et 21 marcheurs.
Les résultats du Raidlight Desert Trophy
Un bref coup d’oeil sur les résultats de cette première édition ! Annoncé grand favori chez les hommes, le jordanien Salameh Al Aqra a outrageusement dominé la compétition.
Il remporte ainsi chacune des épreuves, dans son jardin, le désert du Wadi Rum. Son aisance hors du commun dans le sable aura rapidement eu raison de ses adversaires, et il boucle les 140km en 11h58.
Derrière lui, on salue les performances de Stéphane Bacconnier et Thomas Paris. Le duo a démontré de belles capacités d’endurance et termine respectivement en 12h32 et 12h39.
Chez les femmes, c’est Anaëlle Grujon qui s’impose avec une avance confortable (1h10) sur ses deux poursuivantes, Patrizia Bianchi et Nathalie Bertrand. Fière et heureuse de boucler cette aventure, Anaëlle témoigne avec émotion :
« Je n’ai pas de mots pour décrire cette aventure ! Magique, incroyable, inoubliable ! Une aventure sportive… Quatre jours de course, 150km pour découvrir le désert sous toutes ses nuances : de la chaleur du premier jour jusqu’à l’orage, la pluie, la tempête de sable et la fraicheur des jours suivants.
Un aventure humaine riche en émotions, en rencontres. Je retiens la vie sous tente, mes partenaires de course, mes anges gardiens je dirai même : Cédric, Julien, Xavier, Patty, Markus. Ils m’ont tiré chaque jour pour arriver au bout de l’étape, pour franchir cette ligne d’arrivée avec mon pote Seb que j’ai emmené dans cette folle aventure. Merci à eux ! Une vraie aventure personnelle, où l’on se retrouve face à soi même, on repousse ses propres limites et on continue d’avancer, coûte que coûte.
Je suis fière d’être allée au bout de ce défi, et très surprise de terminer sur la première marche du podium, au côté de Salameh Al Aqra. Merci à tous les coureurs, marcheurs, à l’organisation Raidlight, à Benoit Laval et son équipe ! »
Courir dans le désert du Wadi Rum
Venons en maintenant au coeur de ce Raidlight Desert Trophy, la raison principale de l’engagement des coureurs sur ce format : courir dans le désert du Wadi Rum !
L’équipe Raidlight nous promettait des paysages inoubliables… nous n’avons pas été déçu !
Les décors dans le désert du Wadi Rum sont saisissants : de grandes étendues plates, de sable ou de terre, entrecoupées de vertigineuses montagnes de roche rouge, formant des canyons plus ou moins étroits…
Quelques dunes de sable, des arches naturelles et beaucoup de reliefs, entre lesquelles nous avons virevolté au cours des différentes épreuves !
Les images parlent toujours mieux que les mots. Alors je vous laisse admirer les terrains de jeux parcourus au cours de ce Raidlight Desert Trophy… cela devrait vous faire envie !
Une météo surprenante… pour pimenter la course !
Pour couronner le tout, nous avons eu le droit à une météo complètement dingue ! « Les 4 saisons en une journée », Benoit Laval, président de Raidlight et Ned Trail To Be Alive, a trouvé la formule pour résumer les variations climatiques que nous avons affrontées.
La première étape a planté un décor « attendu » par les coureurs : 25 kilomètres assez sablonneux, sous une forte chaleur, terminés par une traversée de canyon très technique.
Avec, en bonus, une rencontre avec un serpent caché entre deux roches dans ce fameux canyon…
Une vraie étape de trail désertique, qui a déjà fortement marqué les organismes (le mien en premier, insolation et tout ce qui va avec…) !
Courir dans le sable n’est pas chose aisée, la foulée est loin d’être aérienne… Sauf pour Salameh, qui sait parfaitement où placer ses appuis pour obtenir le meilleur rendement !
La suite des épreuves fut totalement différente. La faute notamment à une tempête de sable/pluie, venue renverser le campement et faire chuter le thermomètre. Et oui, nous avons eu le droit au rare spectacle de la pluie dans le désert !
Le point d’orgue… l’étape longue de 58 km !
Nous n’étions pas au bout de nos peines avec les conditions climatiques. Et bien évidemment, c’est pour l’étape longue (58 km), celle redoutée par tous les participants, que la météo a réservé son plus beau show !
Pluie, vent, et tout le campement qui s’envole… une vraie scène de guerre ! L’étape n’en fut que plus belle, comme peuvent en témoigner les scènes de joies et les larmes de soulagement versées après la ligne d’arrivée.
Les émotions sont fortes lors d’une telle épreuve : courir plusieurs heures dans le désert, parfois complètement seul, cogiter… puis oublier les douleurs, se dépasser !
Et malheureusement, la nuit suivante ne fut pas de tout repos ! Le vent a en effet poursuivi allègrement son entreprise de destruction du campement…
A tel point que la dernière étape de 42km a dû être raccourcie à 25 km pour des raisons de sécurité. Un peu de déception avec cette annonce, mais on ne peut pas donner tort à l’organisation.
Car les conditions pour ce dernier jour de course étaient vraiment terribles ! Décidément, quelle aventure !
Est ce que ces conditions un peu dingues, éloignées de la chaleur attendue, ont terni l’expérience ? Absolument pas ! Cela a créé une véritable ambiance d’aventure, et par ricochet une belle cohésion entre les coureurs.
Quoi de mieux pour nouer des liens que devoir tenir tous ensemble les poteaux d’une tente prête à décoller sous l’effet du vent ?! Je vous laisse imaginer le tableau… et les rires qui vont avec.
Une véritable Aventure… humaine !
Vous l’avez compris, cette semaine fut extraordinaire en tous points : voyage, dépassement de soi, aventure… Mais au final, tout ceci n’est pas grand chose face à l’expérience humaine vécue sur ce Raidlight Desert Trophy !
En quelques jours, mes camarades de tente sont devenus comme une deuxième famille.
Et pourtant, rien ne nous prédestinait à cela : sept hommes et une femme (une sacré guerrière notre Sandra !), des nordistes contre des sudistes, des jeunes contre des moins jeunes (notamment Alain, doyen de l’épreuve à 66 ans), des militaires bien organisés contre un bordélique (ça c’est moi), des costauds dévoreurs de poulet contre des maigrichons végétariens, mes acolytes se reconnaitront et ne diront pas le contraire… difficile de faire plus éclectique !
Une belle équipe de bras cassés qui, sur le papier, n’avaient pas grand chose en commun ! Et pourtant, je ne compte pas les fous rires, les anecdotes partagées, le soutien entre nous… du bonheur à l’état pur !
Une solidarité très forte s’est rapidement installée sur le campement. On se donne du matériel, on se conseille. Bref, on se serre les coudes, on s’encourage, on s’entraide. Une vraie vie de groupe, quelle bouffée d’oxygène !
La tête dans les étoiles !
Je crois que pour chaque participant, le retour sur terre fut difficile. Et je souhaite à chaque lecteur de cet article de vivre au moins une fois dans sa vie ce genre d’expérience !
Le Raidlight Desert Trophy, c’est cette aventure où vous débarquez sur la pointe des pieds, avec vos jambes plus ou moins affutées et votre matériel pesé et ficelé… et vous repartez la tête dans les étoiles, en ayant pris une vraie claque !
Vous venez pour affronter le désert, courir, mais ce sont plutôt les sourires, les émotions et les rencontres qui vous chamboulent. Une parenthèse dorée dans nos vies quotidiennes, une expérience gravée pour toujours !
Une organisation aux petits oignons
Je ne pouvais pas finir cet article sans tirer un coup de chapeau à l’équipe organisatrice, le staff Raidlight et Ned Trail To Be Alive.
Pour une première édition, on pouvait s’attendre à quelques couacs… qui n’ont pas eu lieu !
Tout a été géré de main de maître, grâce à une belle collaboration avec les bédouins, le peuple local qui a assuré la vie de campement (et ils n’ont pas chômé avec les tempêtes !).
Conclusion (clap de fin) au sujet du Raidlight Desert Trophy
La première édition du Raidlight Desert Trophy fut une brillante réussite, et probablement le premier volet d’une longue série à venir !
Découverte des trésors de Jordanie, dépassement de soi, paysages lunaires, aventure humaine… tous les ingrédients ont été réunis pour former une expérience unique, qui a ravi tous les participants !
Bravo à l’équipe Raidlight et NED, merci pour ce moment de vie unique !
Crédit 📸 Corentin Crouzet et Raidlight Desert Trophy