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Connaissez-vous le 1er V1, 5ème français et 12ème au scratch de cet UTMB 2013 ? Ronan Moalic, coureur du Team Vibram, a été un de nos meilleurs représentants lors de cette dernière édition du mythique tour du Mont-Blanc. Il boucle le parcours en moins de 24h, avec une dernière descente depuis la Flégère en 41min ! Ronan a accepté de répondre à nos questions et de revenir sur son UTMB.
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Trail Session Magazine : Bonjour Ronan, peux-tu te présenter en quelques mots aux lecteurs de Trail-session ?
Ronan Moalic : J’ai 40 ans, je suis chirurgien à Grenoble, et je suis passionné de sport de montagne. Je me suis mis au Trail tout doucement depuis 2004, plus régulièrement depuis 4 ans.
T.S.M : Comment s’est passé ta saison jusqu’au mois d’aout ?
R.M : J’ai fait une bonne saison de ski alpinisme (TSF millet : 11é, Pierra Menta : 29é) et j’ai redémarré le Trail doucement par les 3 jours de Chartreuse (4é du maratrail), puis Trail de Faverges TTN (21é), Trail de Restonica (3é) Verticale du diable (3é) pour refaire un peu d’intensité, un bloc d’entrainement jusqu’au 15 aout puis affûtage, repos.
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« La présence de ma femme, le soutien du Team, la pensée de mon fils, l’envie de finir la course pour mes amis contraints à l’abandon m’ont redonné de l’énergie… »
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T.S.M : Rentrons dans le vif du sujet, peux-tu nous résumer ta course à l’UTMB et nous dire quel est ton état d’esprit aujourd’hui quelques temps après ta performance ?
R.M : Bien que j’ai réalisé un début de course volontairement lent, je me suis malheureusement blessé vers le 40é km. Une déchirure musculaire aux ischios, avec une douleur qui n’a cessé de croître surtout sur les portions courantes et les descentes. A Champex , je souffrais beaucoup, j’avais peur d’aggraver la blessure. La déchirure avait saigné et j’avais un bon hématome musculaire. J’ai pensé à abandonner. La présence de ma femme, le soutien du Team, la pensée de mon fils, l’envie de finir la course pour mes amis contraints à l’abandon m’ont redonné de l’énergie. Je me suis dit que pour eux je devais essayer de continuer, j’ai aussi repensé à toute ma préparation, je me suis persuadé que j’étais capable de finir. A partir de là, j’ai décidé de faire comme si je prenais le départ d’un Trail de 45 km, et donc de finir en accélérant. Et c’est passé ! Je crois que je fais la meilleure descente de la Tête aux vents à Chamonix. Comme quoi, l’ultra est aussi une expérience mentale ! En tout cas cet UTMB fut aussi l’occasion de vivre de très belles choses avec le Trail Running Team Vibram ; Notre Team a fait preuve d’une grande cohésion et nous avons partagé de grandes émotions.
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T.S.M : Comment as-tu préparé la course ?
R.M : J’ai fait un bon bloc d’entrainement fin juillet début août, mais surtout une bonne saison, régulière, en amont. J’ai bien coupé 10-15 jours avant.
T.S.M : Quel est la semaine type d’entrainement de Ronan Moalic ?
R.M : Ça varie en fonction de mes contraintes professionnelles, et les objectifs. Disons 1 ou 2 entraînements la semaine puis 2 à 3 le WE. J’ai aussi tendance à diviser les séances en 2. Plutôt que faire une grosse séance, je divise en deux. Par exemple une sortie de vélo de 1h30-2 h le matin et un petit tour de course à pied le soir, ce qui laisse la journée libre. Et en vacances j’essaie de m’entrainer presque tous les jours.
T.S.M : Tu es médecin, est ce que cela t’apporte une connaissance supplémentaire du corps humain que tu mets à profit pour ton entrainement ?
R.M : Cela m’aide peut être à mieux percevoir mon corps à l’entrainement ou en course. En chirurgie il faut savoir faire preuve de rigueur, de ténacité, savoir prendre des risques et supporter le stress mais aussi à prendre du recul, à relativiser les choses ; le Trail , c’est une passion mais ce n’est que de la course à pied !
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T.S.M : Tes points forts et tes points faibles ?
R.M : J’aime les courses typées montagne, les passages techniques, mais je ne suis pas très à l’aise sur les courses roulantes.
T.S.M : Tu vis dans les montagnes et pratiques le ski alpinisme à bon niveau, comment considères-tu l’apport de cette discipline dans ta pratique du Trail ?
R.M : Je pense que c’est une excellente chose pour les articulations de couper de la course à pied l’hiver. Et ç’est très plaisant de varier ses activités. Le ski alpinisme est surement aussi un bon moyen (comme le ski de fond) de faire de l’intensité sans se faire mal. Et puis il y a en plus, un côté plus technique, plus engagé, et l’esprit de cordée avec son équipier. C’est une très belle discipline.
T.S.M : Quels sont tes projets pour l’avenir, à court et long terme ?
R.M : J’ai l’impression que l’Ultra me réussi bien. Mais je ne veux pas trop en faire. J’aime aussi les distances plus courtes. J’ai prévu cette année d’essayer d’enchainer avec le Grand Raid de la Réunion mais avec ma blessure ça va être difficile. On verra. Pour l’année prochaine je suis assez attiré par l’échappée belle et quelques courses à l’étranger. L’UTAT ça a l’air chouette aussi.
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T.S.M : La course de tes rêves ?
R.M : Il n’y en a pas une en particulier. C’est à chaque fois une aventure nouvelle, de nouvelles rencontres. C’est cette variété qui est plaisante. La course de mes rêves c’est celle où j’ai su gérer mon effort en fonction de ma forme du moment, prendre plaisir, et ne pas arriver «cramé» !
T.S.M : Tu es membre de l’équipe Vibram, comment se passe la vie dans le Team ? Nous vous avons vu tous très soudés sur l’UTMB !
R.M : C’est une équipe franco-italienne avec des niveaux variés. On court surtout pour se faire plaisir et passer des bons moments en montagne, sans aucune pression sur les résultats. Il y a une super ambiance. Chacun court à son niveau. Jérôme Bernard (directeur marketing de Vibram) se démène comme un diable pour le Team et participe aussi comme coureur. Sur l’UTMB, comme sur d’autres courses on se soutient beaucoup les uns, les autres. C’est ça un vrai Team, non ?
T.S.M : Quel conseil donnerais-tu as nos lecteurs pour une bonne pratique de la discipline ?
R.M : Je pense qu’il faut savoir garder du recul pour progresser doucement d’année en année, et rester régulier, déterminer un ou deux gros objectifs dans l’année, ne pas vouloir faire trop de courses, varier les activités, se faire plaisir.
T.S.M : Un dernier petit mot pour la fin ?
R.M : Je dois vous avouer mon secret ! Si j’arrive à combiner une vie professionnelle trépidante et une vie d’athlète passionné c’est grâce à une épouse exceptionnelle et à mon fils Erwan, qui me soutiennent à chaque instant. C’est aussi grâce à tous mes amis qui m’encouragent et avec lesquels je partage de beaux moments de montagne.
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Merci à Ronan de s’être prêté à cette interview pour Trail-Session et encore bravo pour sa performance ! Ronan Moalic, un coureur à suivre…
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Crédits Photos : Cyril Bussat, Eric Lamugniere : www.photossports.com
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Site web du Team Trail Vibram ici !
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Rémy Fabre, Trail Session Magazine, 2013.