Voilà maintenant plus de 600km de protocole test pour ces Salomon S/Lab Phantasm. Salomon s’essaye à la route (rappelez-vous le Marathon de Nice-Cannes 2019) depuis plusieurs modèles : Predict, Sonic… Il faut dire que l’image de la montagne colle à son ADN, et qu’il lui est difficile de s’en défaire, quoique…
Ces Salomon S/Lab Phantasm sont un pari réussi puisqu’elles réunissent tous les « ingrédients » de la montagne pour aller vite sur l’asphalte.
C’est Cédric, notre rédacteur en chef, qui s’est collé au test de cette exclusivité pour Trail Session Magazine. Son profil marathonien à la recherche d’un chrono de moins de 2h40 collait au modèle.
Puis cela tombait à pic : le protocole test s’est calé sur sa préparation d’un marathon off avec des séances VMA courtes & longues, des footings récupération active rapide, des sorties longues… et par toutes les météos possibles et imaginables en France et en Ukraine.
Il a donc de la matière pour vous en dire beaucoup plus au sujet de ce « modèle discret » commercialement parlant, mais qui défie LARGEMENT tous les modèles à plaque carbone.
Vidéo officielle des S/Lab Phantasm
Présentation générale des S/Lab Phantasm de Salomon
Ce modèle a été conçu pour les runners à la recherche de vitesse sur l’asphalte. Tout a été pensé pour favoriser dynamisme, légèreté et rapidité dans la transition. Du poids à la respirabilité en passant par la semelle extérieure, c’est un petit bijou qui ravira les compétiteurs du 5km au Marathon.
La marque Salomon s’est inspirée de ses skis pour concevoir ce modèle. En effet, la S/Lab Phantasm possède un profil « cambré inversé » que l’on retrouve sur certains skis de la marque alpine.
La petite révolution réside donc dans l’application de ce « rocker » sur des chaussures. Cette inversion ne gêne pas le moins du monde quand on veut aller vite, c’est même tout l’inverse puisqu’elle favorise la transition du pied vers l’avant.
Inspirées du Ski et du « Rocker »
« Apparu il y a une dizaine d’années et généralisé aujourd’hui, le rocker a révolutionné la pratique du ski au même titre que l’apparition des skis paraboliques.
Le rocker est une évolution de la forme de la spatule et du talon. Avec un rocker, le relevé du ski est plus précoce et plus progressif que pour une spatule traditionnelle.
Le rocker permet tout d’abord un gain de flottabilité en neige poudreuse. C’est pourquoi les skis de freeride étaient les premiers à en être équipés. Le rocker a aussi un intérêt en ski de piste, favorisant l’entrée en virage et la maniabilité des skis. »
Conçue en partenariat avec les athlètes
Dans la présentation de cette S/Lab Phantasm, comment ne pas associer la chaussure à Kilian Jornet ? Mais de là à l’appeler « la chaussure de route de Kilian Jornet », il y a un fossé. Il ne faut pas oublier que la Team Salomon Elite managée par Jean-Michel Faure-Vincent compte dans ses rangs un coureur comme Sébastien Spehler (podcast) qui va très vite sur Marathon.
Il est vrai que l’on voit Jornet travailler sa vitesse sur piste et se lancer sur des 10km, qu’il a forcément dû contribuer à la conception du modèle, mais je ne peux m’imaginer que la marque ne s’est pas appuyée sur les retours de Séb Spehler (RP de 2h22min19sec au Marathon de Namur 2019).
Après la Sonic 3 déclinée pour les coureurs polyvalents à rapides, Salomon s’est donc appuyée sur ses athlètes les plus performants pour concevoir cette chaussure destinée à la performance sur asphalte.
Technologies & Avantages
SEMELLE EXTERNE R.Camber – Inspirée par le savoir-faire de Salomon en matière de ski, la forme incurvée de l’intercalaire vous donne l’impression de flotter au-dessus du sol.
INTERCALAIRE Energy Surge – Une mousse légère et réactive, issue de l’association de l’EVA et de l’oléfine [OBC], qui offre un amorti longue durée et un retour d’énergie dynamique.
DESSUS Collier ultraléger – Le collier Featherlight sans coutures est à la fois doux, confortable et minimaliste, sans compromettre le fit.
Construction sans coutures – Drop de 6mm – Poids de 199g
S/Lab Phantasm : le test terrain de Cédric
Après plus de 600km de test, j’ai forcément de quoi parler au sujet de ces S/Lab Phantasm que j’ai eu la chance de tester en exclusivité.
Avoir l’opportunité de réaliser un tel travail est une chance, c’est pourquoi comme à mon habitude je vais tenter de tout vous dire sur mes ressentis de la réception au 662ème kilomètre. Contrairement à d’autres médias, je ne ferai pas forcément de parallèle avec les 24h avortés de Kilian Jornet.
Cette chaussure n’est pas la chaussure de Kilian Jornet, c’est la chaussure de tous ceux qui vont chercher à performer et vouloir aller vite. Elle est la parfaite concurrente d’une Adios Pro chez Adidas, d’une Next% chez Nike… Et personnellement, ce que je trouve très attrayant avec cette Phantasm, c’est qu’elle conserve une semelle EVA, que sa Révolution ne réside pas dans le carbone si controversé.
Aussi, contrairement à un média qui doute de sa longévité et que l’on puisse l’amener sur Marathon, je suis en mesure de dire tout l’inverse au vu du protocole test réalisé. Je ne vais pas tarir d’éloges autant vous le dire, et je vais commencer par mes premières impressions…
Les premières impressions
Avant de parler d’un modèle une fois aux pieds, il me plaît de toujours faire un descriptif de mes premières impressions visuelles. Déjà à l’ouverture de la boîte j’ai retrouvé l’esprit Salomon : ce rouge prédominant. J’ai retrouvé la touche S/Lab, l’ADN montagnard.
Je les ai trouvées « classieuses », épurées, simples, efficaces sur un aspect visuel. ENFIN, une pompe route qui garde cette sobriété et cette classe que j’aime chez Salomon. Bien entendu, c’est toujours pareil, les goûts et les couleurs divergent. Ce que j’en retiens c’est que ce modèle route conserve l’ADN de la marque dans son aspect visuel, à savoir la Montagne.
Puis, forcément en est venue la prise en main. Et là, je dois le dire, c’est un poids plume. Moins de 200g. Que dire ? Hâte de les chausser…
Visuellement, je dois aussi vous parler de ces premières impressions NEGATIVES que j’ai eues. Je me suis dit : « Aïe Aïe Aïe vu comment c’est plastifié, light, le mesh si aéré, la semelle si lisse… ça va pas durer longtemps cette affaire ! » Je me suis planté sur toute la ligne !
Alors oui c’est vrai que la languette fine est parfois « un peu galère » à ajuster lorsqu’on la chausse, c’est vrai que ces derniers runs par -15 ressenti -20 ici en Ukraine à Odessa, le mesh aéré laisse passer le froid… mais franchement, c’est de la « pinaille » ! Ces Phantasm portent plus que bien leur nom, et je dirais même : « Certains devraient réaliser plus que leur Phantasm et exploser leurs chronos ! »
Une fois chaussées
Une fois chaussées, que dire ? Ah bein je pense que les visuels vont confirmer mes propos. Le mesh est très aéré, pas de souci ça ventile ! Quelle légèreté ! J’ai un pied plutôt fin donc le fit du chaussant me va comme un gant. Il est vrai que les pieds larges n’apprécieront peut-être pas.
Toujours est-il que le poids en main se confirme une fois aux pieds. Comme je le disais plus haut, il est vrai que du 1er run jusqu’au dernier ce dimanche j’ai pu parfois un peu galérer avec la mise en place de cette languette très fine et minimaliste, sur mon cou-de-pied. Mais c’est un « coup » à prendre justement pour bien la positionner.
Les lacets plats j’ai apprécié, bien que pour rendre optimal le modèle et le vouer à un usage triathlète (et ainsi aussi élargir la cible commerciale) j’aurais peut-être mis un système Quicklace plutôt que 4 oeillets. Mais c’est sincèrement pour chercher des points perfectibles si je tiens ces propos.
Aussi, je craignais que le mesh se déchire, que la semelle extérieure se détériore prématurément, après plus de 660km la chaussure est en super bon état, je vais largement passer les 1 000km avec.
Donc une fois chaussées, c’est une pure merveille pour les coureurs véloces, à la recherche de vitesse et de légèreté dans leur matériel. Avec ce modèle dont le drop est de 6mm, j’ai oublié mes Altra Zero Drop dont je suis pourtant fan. Lorsque je réalise un test produit, je ne lis jamais les fiches produits avant l’écriture de mon test, je note toutes mes impressions au fur et à mesure, pour rester le plus fidèle possible à celles-ci et vous les retranscrire bien que subjectives.
Le mesh simple couche hyper aéré laisse donc une impression visuelle frappante qui une fois chaussées se confirme. C’est un modèle aéré et aérien pour aller vite, TRES VITE !
Technologies R.Camber & Energy Surge : du dynamisme en veux-tu en voilà !
L’association du R.Camber (« Rocker ») et de la technologie Energy Surge est le point central de la réussite de ce modèle de 6mm de drop.
D’ailleurs, si je n’avais pas vu la fiche technique j’aurais parié sur un drop de 4mm. La sensation est en effet modifiée par la courbure de la semelle sous le talon.
On ressent franchement l’effet « Rocker » (pensé des skis) avec une bascule de l’arrière vers l’avant. C’est le R.Camber. R pour Rocker, Camber pour Cambré.
Pour l’effet ressenti, c’est une transition sous forme de bascule, qui pousse à aller de l’avant.
Aussi,- contrairement à ce que j’ai pu lire avant de rédiger ce test, si vous êtes un gabarit plutôt léger (je mesure 1m71 pour actuellement 61kg) et dynamique, je suis persuadé que cette chaussure peut aller sur Marathon.
C’est d’ailleurs ce que j’en attends. J’ai fait plusieurs sorties longues de plus de 29km le dimanche avec, et je n’ai ressenti aucune douleur, et la chaussure ne s’est pas anormalement usée.
Je leur trouve un amorti réel grâce à la technologie Energy Surge comportant une mousse classique EVA (voir « Technologies & Avantages » plus haut). Au-delà de cet amorti réel, c’est le renvoi d’énergie qui est intéressant.
L’association R.Camber à Energy Surge vaut largement si ce n’est mieux qu’une plaque carbone. En effet, la chaussure reste très souple, on peut la tordre et la plier en deux quand ceci est impossible avec n’importe quelle chaussure dotée d’une plaque carbone.
J’adore la souplesse du modèle, son renvoi d’énergie, la sensation de flotter au dessus du sol quand j’envoie… et je n’ai en plus connu aucune douleur physiologique en plus de 660km.
La semelle extérieure : lisse certes mais pas dénuée d’accroche
La semelle extérieure, c’est un peu le point névralgique quant au constat d’une usure anormale. Je dois le dire, avant de débuter le test j’étais sceptique, je ne donnais pas cher de cette semelle.
Non seulement, je pensais qu’elle allait subir la corrosion et perdre ses rainures, mais en plus je pensais que sur sol mouillé et dans les virages un peu trop serrés, j’allais glisser / déraper.
J’ai débuté ce test au début de l’automne en France dans ma région bordelaise, puis je l’ai fini au bord de mer noire ici Odessa d’où j’écris ce retour. J’ai pu tester la semelle par temps sec, pluvieux, et même neige et verglas donc. Sur asphalte, parfois en sous-bois mais plus rarement…
Ce que je peux vous dire, c’est que je ne vais pas vous recommander d’aller sur la Mer de Glace (pour ce faire Salomon vous propose des modèles plus adaptés), mais je vais vous dire que vous pouvez faire confiance à ce contagrip.
En effet, ça accroche bien, tant sur piste ou sol mouillé, qu’ici à Odessa sur sol verglacé. Bon, ok, il fallait quand même faire attention car quelle chaussure ne glisserait pas sur des plaques de verglas ?
Mais j’étais serein, et je suis encore serein à l’idée d’aller demain passer une longue séance VMA avec aux pieds, sachant qu’ici il fait encore -15 et que le sol est une vraie patinoire ! J’ai réalisé un run de 29km à 4.09 dimanche dernier avec aux pieds ; et la semelle ne montre encore AUCUN signe d’usure.
Mon avis global
Je suis ravi que Salomon n’ait pas mis de carbone sur son modèle route performance ! ENFIN une marque qui ne cherche pas à faire COMME Nike.
Certains parleront d’erreur commerciale, moi je préfère parler de génie ! Il fallait avoir l’idée de transposer le « Rocker » de ses skis sur ses chaussures, et notamment sur un modèle route performance.
Je me souviens que Newton avait des chaussures qui poussaient à aller de l’avant avec un système de bascule, mais là c’est différent, puis la marque garde son ADN montagne.
J’aurais apprécié le système de laçage Quicklace parce que je la vois séduire de nombreux triathlètes. Puis tout a été bien pensé, je n’ai pas parlé de ces petits coussinets qui permettent d’avoir un pied idéalement maintenu.
Du mesh hyper aéré à la semelle extérieure finement pensée et élaborée, ce sont donc des chaussures très légères de la piste (entraînements) à la recherche de la performance du 5km au Marathon. Il est évident que je ne les recommande pas à tous les profils de runners.
Je n’aime pas parler « d’élite » néanmoins il me semble important de dire que ces chaussures seront adaptées à des profils de – de 20min sur 5km, – de 40min sur 10km, – de 1h30 sur Semi, et – de 3h sur Marathon. Comme c’est un modèle de – de 200g, je pense qu’il ne faudra pas non plus excéder un rapport poids / taille.
C’est un modèle performance, il ne faut pas l’oublier. Le prix de 180€ pourrait en freiner certains mais je leur réponds que la robustesse est au rendez-vous et que ça vaut le détour, peut-être même plus qu’une Nike à plus de 200€ !!!
Où se procurer les S/Lab Phantasm ?
Bonjour. Merci pour votre test bien écrit et détaillé.
Pouvez vous me dire comment taille cette chaussure ? Par rapport à une S/lab Sense par exemple ? On entend dire qu’elle chausse grand.
Bien sportivement
Bonjour, c’est un modèle route qui chausse petit, je fais 43 chez Salomon un 43 1/3 aurait plus fait l’affaire.
Sportivement,
Cédric