Tour du Queyras GR58 : aux couleurs de l’automne
Nos deux rédacteurs Noëllie et Corentin ont réalisé le tour du Queyras en autonomie complète fin octobre, accompagnés de leur fidèle compagnon à 4 pattes. Corentin nous livre son récit d’aventure.
En fin d’article, vous trouverez des informations pratiques (étapes, matériel, bons plans), si vous souhaitez également tenter cette expérience.
Récits d’aventures du Tour du Queyras GR58
Pourquoi le Queyras fin Octobre ?
Et si, cette année, notre saison des treks ne s’arrêtait pas fin Septembre ? Et d’ailleurs, si elle ne s’arrêtait plus jamais ? Après 45 jours de vélo en itinérance dans les Balkans pendant l’été, le retour du quotidien et de l’automne s’annonce maussade. Préparer les voyages de l’été prochain ?
Les projets ne manquent pas, mais ils semblent bien loin. Alors, pourquoi ne pas repartir, bien plus tôt que prévu ? Nous sommes fin octobre, cela veut dire affronter le froid, la période creuse dans les villages, les refuges fermés… mais aussi pouvoir apprécier l’immensité des paysages dans un calme absolu, aux couleurs flamboyantes de l’automne.
Un programme plutôt alléchant ! Notre défi est tout trouvé : réaliser un trek, en bivouac, et ainsi passer cette « épreuve du froid », pour que notre saison des treks ne se résume plus seulement qu’à l’été.
Nono, ma femme, n’est pas forcément emballée au départ… Après tout, je connais peu de monde de mon entourage qui rêve d’aller passer des nuits dans une tente par -10°. Mais au fond d’elle, elle le sait déjà, elle ne nous laissera pas partir seuls, Askja et moi.
Askja, c’est notre jeune chienne border collie, et c’est elle qui a involontairement amené la réponse à la question suivante : quelle destination allons-nous choisir ? La décision est vite prise, il faut trouver un endroit qui accepte les chiens.
Ce sera un massif montagneux, évidemment, sinon ce n’est pas drôle ! Et puisque les mélèzes seront oranges et magnifiques à cette époque, le Queyras devient vite une évidence.
Rapidement, le projet est fixé : nous allons réaliser le tour du Queyras, le GR58, tous les trois, en autonomie complète.
L’autonomie complète, on aurait aimé s’en passer, au moins pour quelques repas, mais tous les restaurants sont fermés à cette époque, les refuges aussi, alors on se débrouillera. (PS : on a quand même pu tomber sur deux épiceries ouvertes pendant le séjour, parfait pour acheter un bout de fromage et une boite de thon pour Askja !).
Charger les sacs
Le parcours est tout tracé, puisque nous suivrons le GR58. Nous prévoyons les bivouacs proche des lacs d’altitude… quitte à avoir froid, autant en prendre plein les yeux !
Les lacs de la blanche et du Grand Laus notamment, tous deux à plus de 2500m. Les nuits vont être fraiches, mais le défi est excitant. Notre matériel grand froid (duvet et doudoune), acquis il y a peu, va donc passer un vrai test grandeur nature.
Il s’agit maintenant de tout faire rentrer dans le sac, et là ça se complique : tout le matériel de bivouac, les croquettes d’Askja, l’appareil photo bien sur, ça coince… tant pis, nous ferons des concessions sur la nourriture.
Les 5 prochains jours suivront donc ce menu : matin avoine, midi wrap au fromage, et soir semoule. Le tout plus ou moins assaisonné, et rationné comme en temps de guerre !
C’est parti… et ça pique !
Après une nuit en van pas franchement reposante (il fait déjà très froid), nous voici partis depuis le village de Ceillac, une ville fantôme à cette époque. La première ascension est difficile, même très difficile.
Nous sommes pourtant très bien entrainés, en bonne forme physique. Mais à se concentrer sur la gestion du froid, on en a oublié de penser au principal : marcher ! Il faut « se mettre dedans ».
Cette montée est, au final, la plus dure du trek pour nous. Les autres seront difficiles, forcément avec le poids sur le dos et les gros dénivelés, mais nous sommes lancés, le rythme est trouvé.
Et heureusement pour nous, le soleil est bien présent en journée. Il nous réchauffe et nous montre déjà ce qui sera une constante pendant toute la semaine : le Queyras est magnifique.
Le défi du froid
La première nuit en bivouac est vite là, elle aura lieu au lac de la blanche, à 2499m d’altitude exactement. Une micro douche (mais vraiment micro, pour se donner bonne conscience), une portion de semoule, on enfile les tenues grand froid et on se faufile dans les duvets.
Cette nuit ne sera pas la meilleure de ma vie, clairement ! Il fait vraiment froid, je dirai entre -5 et – 10°, au vu de la quantité de gel présente sur la tente au réveil.
Et puis Askja est perturbée, elle doit se réhabituer aux nuits en tente avec nous. Elle nous fait un peu le cirque cette nuit là, et je me retrouve à 2h du matin à marcher dehors avec elle.
Plutôt un bon moment au final : ma doudoune fait bien le boulot, et surtout le ciel étoilée est magnifique, il n’y a évidement personne à des kilomètres à la ronde, l’atmosphère est incroyable.
Le réveil de 6h est tout de même un peu difficile, il fait encore très froid et le soleil se fait attendre. Mais sans le savoir, on vient de passer la nuit la plus froide et la plus agitée, les autres seront bien plus calmes et reposantes.
Le trek avec son chien
Le trek durera 5 jours et demi, durant lesquels nous avançons doucement, mais surement, le long du GR58. Montée, descente, montée, descente… il n’y a pas vraiment de portions plates, simplement une succession de cols, tous plus beaux les uns que les autres.
Maintenant Askja est parfaitement dans son élément, elle gère son troupeau (c’est à dire Nono et moi !) et donne le tempo. Nous marchons environ 20 – 25km par jour, elle doit probablement en faire 10 de plus.
Elle semble infatigable, jusqu’à ce qu’on rentre dans la tente. Une fois dans les duvets, elle vient se blottir entre nos têtes, et ne bouge plus jusqu’au matin. Quand le réveil sonne par contre, la pile électrique se remet à fonctionner et ne s’arrête plus jusqu’au soir !
Pouvoir venir avec son compagnon à 4 pattes est un vrai régal, c’est tellement agréable de partager ces moments avec elle, la voir aussi heureuse à nos cotés.
Si vous êtes tentés par l’expérience avec votre toutou, faites attention tout de même aux nombreux troupeaux de vaches et de moutons dans le Queyras, et les fameux patous qui vont avec.
Gardez le chien bien attaché à l’approche des troupeaux, restez calme, laissez les venir faire leur inspection, et ça devrait bien se passer.
La beauté du Queyras en automne
Le dénivelé dans le Queyras est assez conséquent, environ 7 700m de positif au total, pour une distance finale de 120 km. Notre principal allié pendant cette petite semaine aura clairement été ce soleil qui ne nous a quitté que le dernier jour.
Nous avons terminé sous la pluie, mais pas grave, la partie était déjà gagnée. Sur les sentiers, nous avons croisé autant de trekkeurs que nous avons pris de douches… autrement dit aucun !
Peu de gens osent affronter les montagnes à cette époque, et cela donne un sentiment de liberté incroyable. Nous n’étions que trois dans toute cette immensité, avec juste quelques bouquetins au loin qui guettaient Askja du coin de l’oeil.
Je pense que les photos parleront mieux que des mots. Les couleurs de l’automne ont rendu ce trek différent de tout ce que nous avions fait jusqu’alors.
Un mélange de orange, de rouge, un peu de vert, de blanc neigeux et de gris rocheux pour des panoramas inoubliables. Le sentier est parfaitement balisé, et les kilomètres défilent au rythme des fameuses traces rouges et blanches.
Pas de réelles difficultés techniques, il faut juste avoir de bons cuissots bien préparés pour encaisser les looooongues montées et descentes. Nous l’avons réalisé en 5 jours et demi.
Le GR se découpe en 10 étapes en théorie, mais nous avons fait le choix d’avancer assez vite pour ne pas avoir trop de choses à porter… et oui, ne pas oublier que un jour = une portion de semoule en plus !
Le meilleur moment de ce trek ?
Le bivouac au lac du Grand Laus. Enfin, surtout le magnifique lever de soleil du lendemain matin. Les premiers rayons qui viennent nous réchauffer et éclairer ces lacs d’altitude, le reflet de l’eau… un moment hors du temps, qui justifie tous les efforts physiques des jours précédents.
Conclusion au sujet de notre Tour du Queyras GR58
Finalement, dormir dans le froid aura été beaucoup plus abordable que nous le pensions : du bon matériel, et une bonne organisation, ce sont les clés pour passer de bonnes nuits reposantes
Votre sac de couchage et votre doudoune doivent être des alliés infaillibles et parfaitement adaptés. Et surtout, vous devez savoir exactement où se trouve chacune de vos affaires.
Il ne s’agit pas de chercher son bonnet dans le froid à 3h du matin, il faut le trouver de suite ! Bon, un peu de force mentale aussi, il en faut pour sortir du duvet et se changer au réveil … !
Mais le jeu en vaut la chandelle, parce qu’il vous offre des sensations vraiment différentes d’un trek estival : le calme absolu, et ces couleurs si fascinantes. Pour nous, cette étape est passée, finalement plus facilement que nous le pensions.
Encore une fois, et c’est assez récurrent dans nos aventures (voyage à vélo, trek, ascension, etc.), le plus dur reste toujours de se lancer. Prendre la décision de partir, et accepter de quitter sa zone de confort.
Nous allons maintenant retenter l’expérience en hiver, en raquettes. Pour que définitivement, la saison des treks ne soit plus jamais terminée…
Infos pratiques pour le Tour du Queyras GR58
Nos étapes pour faire le tour du Queyras en 5 jours et demi
Étape 1
Ceillac – col des estronques – Saint Véran – Chapelle de Clausis – sortie du GR58 pour atteindre le lac de la Blanche, où nous passerons la première nuit.
Etape 2
Lac de la Blanche – Col de Chamoussières – Col Agnel – Col Vieux – lac Egorgeou – la Monta (bivouac au début de la montée de collette de Gilly)
Etape 3
Collette de Gilly – Abriès – lacs du Malrif (groooooosse étape avec beaucoup de dénivelé en une journée). Bivouac au lac du grand Laus.
Etape 4
Lac du grand Laus – col de Malrif – les fonts de Cervières – col de Peau – Souliers – bivouac dans la montée du col du Tronchet
Etape 5
Col du tronchet – Brunissard – Arvieu – refuge Furfande – les Escoyères – bivouac dans la descente après les Escoyères.
Etape 6
Col de Bramousse – Ceillac, arrivée à 11h du matin.
Notre matériel de camping pour le Tour du Queyras GR58
- Tente MSR Hubba Hubba : classique, ultra légère, la référence de la tente 2 places 3 saisons.
- Matelas NeoAir Xtherm, là aussi un classique de Thermarest, R Value de pour assurer une bonne isolation
- Duvet Cumulus Teneqa 850, confort – 15 degrés
- Doudoune Pyrenex Hudson XP
- Collant et haut Merinos pour la nuit
- Polaire Cimalp (pour marcher la journée, donc respirante et pas trop chaude, c’est la doudoune qui gère le chaud principalement). Celle ci exactement, un superbe modèle de Cimalp !
- Chaussures : Millet Hike Up, dont voici mon retour test !
- Réchaud MSR Omnifuel
- Sac Deuter 60L
- Croquettes Almo Nature pour Askja !
- Matériel photo : SonyA6300 + objectif 50mm et 16mm
Nos bons plans pour le Tour du Queyras GR58
- Le bivouac au lac du Grand Laus, notre préféré avec un magnifique lever de soleil. Partez de nuit et profitez du lever de soleil sur les lacs un peu en hauteur !
- Épiceries de Abriès et Arvieu, ouvertes le matin, ça nous a permis de ravitailler un peu, c’est toujours bon à prendre ! Cependant, tous les restaurants étaient fermés dans les villages à cette époque.
- L’eau : aucun problème de ce coté là, les rivières sont nombreuses, les sources aussi. Nous avions seulement 1 litre chacun, ça suffisait puisque nous pouvions remplir plusieurs fois par jour.
- Atteindre Ceillac : nous y sommes allés en voiture, et nous l’avons laissé sur un parking dans le village. A cette époque, il n’y a pas vraiment de transports en communs… Peut être qu’en été c’est jouable en bus.
Nous espérons qu’après avoir lu cet article, vous aurez vous aussi ce petit gout d’aventure à la bouche… et qu’il vous poussera à tenter l’expérience à votre tour !
Si c’est le cas, nous vous conseillons fortement le Queyras, un endroit donc nous sommes tombés amoureux. Nous y reviendrons, à coup sur, pour le voir en hiver ou en été 🙂 Bon trek à vous !